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ABSOLEM © Jef Leo

ABSOLEM

Par SCOLTI

Salut ABSOLEM, bienvenue chez ILLICO! Content de te recevoir aujourd’hui, sans ta fourrure et tes griffes !

Je fais allusion à la pochette de ta mixtape «Balle d’Argent» sur laquelle on te voit en loup-garou. Est-ce que tu peux expliquer aux Français les singularités liégeoises ?
Eh bien écoute, Liège c’est une ville un peu dans le sud-est de la Belgique. Si on enlève la capitale, c’est une des plus grosses villes, dans laquelle il se passe beaucoup de choses culturellement, et où la jeunesse bouge beaucoup. Et c’est une ville où on adore faire la fête. Benoît Poelevoorde a dit « À Liège, tu peux arriver seul à un café, tu t’assieds en terrasse et après 15 minutes, t’as déjà 10 copains. ». C’est vraiment ça. C’est une ville chaleureuse où les gens sont accueillants et ne se prennent pas beaucoup la tête. C’est la chaleur, la fête.

Est-ce qu’il y a des singularités artistiques et rapologiques ?
Franchement, oui. Déjà, il y a le premier groupe belge qui a fait un disque d’or : Starflam !

Ex Malfrats Linguistiques, pour les plus anciens.
Exact ! Putain t’es un ancien, génial ! Mais oui, tu connais Kaer. Justement, Kaer, c’est un des membres. Et je crois que plus de la moitié du groupe est liégeois. Et donc ça, c’est une grosse fierté dans le monde du hip-hop, avec notamment le classique, «La Sonora», qui passait même sur MTV à l’époque. Donc vraiment, pour nous, c’est des légendes.

Y a pas de spécificité musicale qui permet d’identifier plus le rap liégeois que le bruxellois, par exemple ?
Niveau rap liégeois par rapport au bruxellois, je dirais déjà qu’il y a des expressions. Nous, on a des expressions bien à nous, et on utilise aussi, pour certains, une sorte d’ancien patois, qui est une langue orale, pas écrite : le wallon. C’est une langue que parlaient mes grands-parents, entre eux. Ça m’est déjà arrivé de placer des mots de wallon dans mes textes. Et donc ça, c’est une spécificité. Par rapport à Bruxelles, il y a beaucoup de choses qui se rejoignent, mais je dirais que dans la mentalité, nous, on a moins de moyens qu’à Bruxelles, moins d’infrastructures, et qu’il y a peut-être moins de prises de tête.

Et ça crée une autre mentalité ?
Ça crée une autre mentalité, oui.

Une autre approche ?
Une autre approche. Se faire tout seul, faire avec les moyens du bord. Je ne dis pas qu’à Bruxelles, il n’y a pas des gens qui le font aussi. Mais nous, on a été habitués à devoir faire tout nous-mêmes assez vite, et devoir même voyager, devoir partir vers l’inconnu pour avoir ce qu’on veut.

Pour revenir sur le loup-garou, selon les légendes, on est loup-garou suite à une malédiction, ou suite à une morsure ou une griffure, en fonction des versions. Est-ce que tu traînes une malédiction dans ta vie ?
Je traîne une sacrée malédiction, mec. Cette malédiction, c’est le rap. Un jour, j’ai été maudit. J’ai écouté du rap très jeune. Mon frère avait le CD d’Urban Peace, et quand j’ai entendu «J’ai Mal Au Mic» d’Oxmo Puccino, j’ai été croqué, j’ai été mordu. Ça m’est tombé dessus. Depuis, je ne pense quasiment qu’en rap. Je suis un horrible rappeur qui écoute principalement du rap. Y en a qui disent « Rap saved my life », moi, c’est « Rap killed my life ».

Est-ce que tu as une ou des malédictions qui viennent nourrir ce rap, dans ta vie perso ?
J’ai la malédiction d’être un peu têtu dans la manière de considérer la vie. C’est-à-dire, à un moment, je me suis dit « Je vais faire du rap ». Et je me suis dit « OK, là, il n’y a rien d’autre que le rap, là on ne va même pas chercher un plan B. Maintenant, c’est le rap. Si je dois mourir à 26 ans avec 0€ en poche à cause du rap, je mourrai à 26 ans avec 0€ en poche. ». Et donc, je suis devenu têtu et je me suis dit « OK, il y a plein de choses dans ma vie auxquelles je n’ai pas cru, je ne suis pas allé au bout, dans le sport, le foot, des trucs comme ça, donc : on y va maintenant. »

Est-ce qu’il y a une autre morsure qui a transformé ta vie ?
Là, je suis habillé, mais si je vous montre mon corps, je suis rempli de morsures. Je sais pas, y a plein de choses. Il y a des déceptions amoureuses. Il y a les claques de la vie. Plus on grandit, plus on voit des choses. Plein de choses, des choses tristes de la vie, des décès, des choses comme ça. Après, il y a des morsures positives. J’ai vu des choses très positives qui m’ont donné foi en la vie. Mais c’est sûr que ce qui nourrit mon rap aussi, c’est les travers.

Alors justement, ça nourrit ton rap ou ça nourrit ta vie en tant qu’homme ?
Oui, ça nourrit ma vie en tant qu’homme. Et vu que dans mon rap j’essaye d’être, et j’y arrive de plus en plus, à 100% en connexion avec l’homme que je suis…

Un rapport à une forme de sincérité ?
C’est ça, exactement.

Plutôt qu’une fiction ?
Voilà. Même si, par exemple, dans cette mixtape, il y a le côté fictif visuel avec loup-garou. C’est des manières de faire passer un message.

C’est fictif ? T’es pas un loup-garou ?
En fait, je le suis, mais il faut une pleine lune. Il faut même un concert un soir de pleine lune. Donc, il faut vraiment beaucoup d’éléments. Mais ça m’arrive encore de me transformer. Mais sinon oui, c’est clairement ça, je suis dans une démarche de sincérité. Et ce n’est pas facile au début. Et plus tu grandis, plus tu vieillis, plus tu vis des choses, plus tu es en accord avec la personne que tu es, et plus tu t’assumes. Quand t’es un jeune adolescent, t’as un peu envie de faire le caïd ou autre, mais en tout cas t’es pas forcément connecté avec toi-même. Et plus le temps passe, plus je m’en fous. Je n’en ai rien à foutre du monde. Donc, j’essaye d’être moi-même.

Est-ce que tu erres aussi la nuit, comme le loup-garou ? Est-ce que c’est là que se passent les choses ?
Ça m’arrive. Franchement, ça m’arrive. Déjà, je vis à Bruxelles depuis quelques années, mais je traîne toujours beaucoup à Liège. À l’époque de Liège, nos objectifs c’était : fin de semaine, tout le week-end on sort. On passait des nuits entières dehors. Notre objectif, c’était d’avoir des nouveaux textes pour aller place des Carmes, où il y avait beaucoup de rappeurs qui se rejoignaient pour voir qui avait le meilleur texte. Et c’est vraiment ça. Moi, je suis un homme de la nuit. J’aime bien rigoler avec mes copains, que ce soit dans des soirées, que ce soit sur un banc à rapper. J’aime bien, ouais.

« Mais en tout cas, ce que j’aime, c’est quand on a envoyé le brut et on voit ce qu’on en fait après. »

Est-ce qu’il se passe des choses artistiquement aussi la nuit ?
Artistiquement, ouais. J’adore, il y a des sessions, et j’adore les sessions où on n’a pas prévu de travailler. Mais la nuit on est tellement inspiré, et ça se passe tellement bien qu’on finit à des heures pas possibles.

On est tellement inspiré ou on est tellement défoncé ?
Les deux, malheureusement. Ça m’arrive de faire du son clean, mais franchement, souvent, j’aime bien me désinhiber un peu. Après, on ne finit pas dans des états pas possibles, mais ça m’arrive d’un peu boire et fumer, gentiment.

Est-ce que c’est pour te souvenir de tout, une fois redevenu humain, que tu enregistres tes pensées sur micro ?
Exactement, je ne sais pas ce qui me prend. Je consomme divers produits, divers et variés. Après, je rentre en transe, Dee Eye aussi rentre en transe, mais lui, il a cette faculté de ne rien consommer. Il se concentre et… Ouais, il est tombé dedans quand il était petit, tu vois. Du coup, moi, je prends tout ça, je rentre en transe et le lendemain, je me réveille, je redécouvre.

Le loup-garou, c’est aussi une bête qui fonctionne à l’instinct, la nuit, et qui va, qui rentre dedans, sans calcul, qui ne réfléchit pas. Est-ce que cet instinct ouvre les portes de la sincérité sans calcul, justement ?
C’est une très bonne question et j’ai l’impression que oui. Moins on est bloqué dans ses pensées, plus on est en accord avec soi-même, plus justement il y a la sincérité qui arrive. Après, parfois…

Il y a une part de calcul quand même dans le rap, dans ce qu’on fait ?
Ouais, ouais, bien sûr, bien sûr.

Comment tu arrives à jongler entre le calcul et l’instinct, et la sincérité ?
Y a une période de ma vie où je réfléchissais trop, pour tout, pour ma vie, pour la musique, pour toutes sortes de choses. Et là, je suis justement dans un opposé assez extrême. Ce que j’adore faire, c’est quand on a fait un son – là récemment on l’a fait avec Dee Eye – on fait un son, en trois heures, on a instru, écriture, et enregistrement. Et après, au pire, on repasse dessus, tu vois. Un autre jour , on se dit, « Ah là, à ce moment-là, il faudrait peut-être repasser dessus. » Mais en tout cas, ce que j’aime, c’est quand on a envoyé le brut et on voit ce qu’on en fait après. Peut-être qu’on repasse dessus, peut-être pas.

Ça fait deux fois que tu parles de Dee Eye. Est-ce que tu pourrais dire un mot, pour ceux qui ne le connaissent pas ?
Avec plaisir. Dee Eye, c’est un frérot que j’ai rencontré avant d’arriver à Bruxelles en 2015-2016. Mais on s’était déjà croisés via des potes en commun. Quand je suis arrivé à Bruxelles, j’ai fait un projet avec un groupe à l’époque, avec un producteur qui s’appelait Phasm. Son colloc, c’était Dee Eye. Et un jour, on a fait de la musique, j’étais avec Venlo

Dee Eye qui est beatmaker ? Parce que ça te semble évident, mais ça l’est pas !
Ouais, c’est un beatmaker !

Qui est donc ton beatmaker exclusif ?
Ouais, maintenant, on produit tous mes projets solos ensemble. Ça m’arrive de faire des featurings ou qu’on m’invite sur d’autres projets, je fais des sons avec d’autres gens et ça m’arrive de faire des sessions parfois avec d’autres beatmakers, mais c’est très très rare. Et j’ai une confiance totale en lui. On a un échange assez honnête, assez naturel. Et lui, il a fréquenté énormément de rappeurs. Donc, il a cet aspect écriture rap qu’il maîtrise, ses connaissances du rap. Et donc, il n’hésite pas à me faire des retours que j’accepte.

Et qui sont pertinents ?
Ouais, qui sont pertinents. Donc on échange tout le temps. C’est agréable de faire de la musique avec lui. Franchement, c’est cool. Et puis, on se connaît bien, on s’aime bien. On est devenus des super bons potes, tu vois. Donc maintenant, c’est plus fluide, plus facile. Et s’il y a bien une personne avec laquelle j’aurais aucune gêne à parler de quoi que ce soit, et avec qui je peux faire n’importe quel test, c’est lui.

Il y a une autre origine qui concerne les Loups-Garous, selon laquelle ça serait tout simplement la conséquence d’hallucinations dûes à des drogues. Tu consommes quoi ?
Tout ce que tu me donnes, mec ! Non, je rigole, ça c’est pas vrai ! Pour être honnête avec toi, je consomme du cannabis, de l’alcool et ça m’arrive de temps en temps de prendre des champis. Franchement, j’adore les champignons. Ça, c’est récent, je commence à partir en roue libre, là ! (rires) Les champignons, j’adore. C’est très drôle. Il faut faire attention, il faut prendre ça dans des bons contextes, quand on est dans un bon mood.

Les champignons sont en lien avec la légende des Loups-Garous ?
Ouais, ouais, ouais.

Sur l’aspect hallucination ?
Voilà, voilà, voilà. C’est ça. Après, moi, je préfère les champignons hilarants. Il y a un peu d’hallucination, mais pas trop. Je suis sûr de passer un bon moment. J’ai pas envie de me retrouver bloqué dans une pièce à me sentir mal, tu vois. Donc, on est avec des gens de confiance, on est dans un bon cadre. Et si y a moyen de prendre des champignons hilarants, je préfère, ouais. Mais on sait jamais, peut-être que plus tard je prendrai d’autres choses, DMT, ou autres. J’ai des copains qui sont un peu dans les trucs de DMT, un peu voyage astral, expérience de mort imminente. Tu vois ton âme qui sort de ton corps.

Des choses qui te parlent ?
Des choses qui me parlent, ouais. J’ai pas totalement confiance et je suis pas en mode « super, venez, allons-y » mais ce sont des choses qui me parlent, ouais. Je pense que ça ouvre des barrières de l’esprit. Ça nous aide à nous reconnecter avec nous-mêmes. Mais encore une fois, il faut maîtriser ces choses-là.

Le Loup-Garou, toujours, c’est aussi symboliquement l’incarnation de la face sombre de l’humain. C’est quoi ton côté sombre ?
Mon côté sombre… Tu me poses des questions qu’on m’a jamais posées, qui sont super intéressantes. Mais là, ouais, je réfléchis un peu. J’ai plusieurs côtés sombres. Enfin, tu vois, j’ai plusieurs caractéristiques à ce côté sombre. Déjà, avant, ça, j’ai beaucoup dealé avec. Mais quand j’étais plus jeune, je voulais tout, tout de suite. Ce qui fait que quand j’avais pas tout, tout de suite, notamment dans le rap, j’avais la haine. J’avais une sacrée…

ABSOLEM © Jef Leo

« ça y est, dans le rap, on va faire ça et il n’y aura pas de plan B et tout ça, c’est vraiment là que je me suis senti vivre. »

Non, mais là, tu me parles du caprice qui est la cause. Tu ne me parles pas de la conséquence. La conséquence serait d’avoir envie de tuer quelqu’un par exemple ?
Ouais, c’est ça. Franchement, je te dis, par rapport à plein de rappeurs que je connaissais même pas, il pouvait y avoir du « Mais pourquoi lui, ça marche ? Pourquoi nanana alors que nous… », et c’est super malsain de faire ça. Je regrette d’avoir pensé comme ça, tu vois. En fait, il faut juste avoir confiance en soi. Chacun a son chemin. Chacun a sa route. Et si tu travailles, si tu es en connexion avec toi-même, que tu fais de la bonne musique et que tu t’écoutes, chacun a son moment, chacun a son heure. Ça, c’était mon côté sombre, mais j’ai beaucoup dealé avec. Donc, ce côté sombre n’est plus trop là. Mais après, quand je fais la fête et que j’ai beaucoup trop bu, je fais pas des choses bizarres. Mais ça, c’est mon côté… Ça, c’est mon côté je bois trop. Quand on y va, je peux vraiment aller très loin, et je fais rien de bizarre attention ! Je prends pas le volant après, je fais pas des trucs bizarres en soirée avec des filles. Pas du tout. Mais je peux aller très loin. Mais il y a un côté sombre qui traîne et dont il faut se méfier.

Faut donc pas te voir les soirs de pleine lune ?
Ouais, c’est ça. Je peux vraiment finir sans connaître mon prénom. Ça m’arrive.

Dans la symbolique, toujours, le loup-garou représente l’homme libre des contraintes que la société cherche à lui imposer. Est-ce que sous cet angle, la musique, le rap, c’est ton loup-garou ?
À fond, mec. À fond. Comme je te disais tout à l’heure… C’est là où tu te sens libre, et quand je me suis dit : ça y est, dans le rap, on va faire ça et il n’y aura pas de plan B et tout ça, c’est vraiment là que je me suis senti vivre, franchement. Quand je fais un son où je suis heureux, que j’aime ce que je fais et que je me sens en connexion avec moi-même et mon art, il n’y a vraiment aucun moment où je pourrais me sentir mieux dans ma vie. Jouer au football en finale de Coupe du Monde, mettre une frappe de 30 mètres en pleine lucarne, je crois que ce serait peut-être la seule chose mieux, tu vois. Vraiment, à part ça, je me sens vraiment trop bien et je me sens vivre. Et du coup, je ne suis pas très… Je respecte les gens qui font ça et il en faut, et je peux comprendre les raisons, mais tu vois, des 9-16 heures, des 9-17 heures, des trucs comme ça, moi, en tout cas, à mon âge et dans la période dans laquelle je suis là…

C’est pas un truc où tu te vois ?
Ouais, franchement, ça me rendrait trop mal.

C’est pas ta place ?
Non

Et si ça finissait par le devenir ?
Si ça finissait par le devenir, c’est que j’y trouverais mon compte. Ouais. C’est qu’il y a quelque chose avec des horaires imposés, etc…

Il y a aussi des contraintes de la vie. Tu peux ne pas réussir dans le rap totalement, ne pas perdurer. Parce que c’est le plus dur, en vérité, dans le rap à l’heure actuelle, même depuis toujours, en vérité. Comment tu reviens à une vie dite normale ?
Déjà, j’essayerais de convertir toute l’expérience que j’ai prise dans la musique en un métier toujours lié à cette musique. Comme Kaer par exemple, devenir coach scénique, aider des jeunes… Toujours garder un pied dedans. Ouais, garder un pied dedans. Et là, par exemple, si j’étais coach scénique, ou que j’aidais des jeunes à enregistrer ou des trucs comme ça, là, j’aurais pas de problème à faire des journées de 9-16 heures, parce que je serais connecté à quelque chose qui me fait vibrer. Mais vraiment, par exemple, être caissier…

C’est la passion qui efface les horaires ?
Ouais, c’est ça. Exactement, la passion efface les horaires. Et même quand on fait de la musique, on compte pas les heures. Si on devait les compter, on serait déjà milliardaires. Mais voilà, être caissier ou quoi, bon, respect aux caissiers et tout, mais faire un truc qui me plaît pas avec un horaire défini, ça serait dur pour moi.

Cette liberté que peut offrir la musique, est-ce que c’est un truc que t’as découvert, notamment, dans les open mics ?
Ouais, grave. À fond.

Tu viens de cette école ?
Ouais, ouais. Moi, j’ai la chance d’aimer beaucoup le rap old school. Vraiment, les anciens rappeurs qui sont à la fois techniques et…

Pourquoi t’as la « chance » ?
J’ai la chance, parce que j’ai l’impression que le rap a eu une période où c’est vraiment devenu un effet de mode, et où tout le monde s’est mis à rapper. Et tout le monde peut rapper, on n’est pas obligés de connaître tous les anciens rappeurs pour pouvoir rapper. Comme disait Booba, on peut réaliser des films sans devoir se taper tous les vieux films des années 50 en noir et blanc. Je suis totalement d’accord avec ça. Mais moi, j’ai cette chance. J’estime que c’est une chance parce qu’il y a tellement de bonne musique là-dedans, il y a tellement de bons rappeurs, tellement de rappeurs légendaires. Et il y avait aussi, je trouve, une autre mentalité, une autre façon d’approcher la musique. Quand les gars venaient rapper et qu’il n’y avait aucun espoir d’argent derrière, c’était beaucoup plus facile pour eux de venir cracher leur vie. Il y avait beaucoup moins de calculs. Et donc moi, je suis un mix entre tous les nouveaux et les anciens codes. Donc j’aime autant aller faire du son avec des gens de la new wave qui s’en foutent des open mics, que passer une soirée sur un banc à rapper avec des potes. J’adore ça, j’adore vraiment ça. Et donc j’estime que c’est une chance pour moi. Mais quelqu’un qui ne connaît pas ça peut très bien faire de la très bonne musique et être un très bon rappeur.

Il y a une question qui m’intéresse aussi concernant ton rapport à tes contemporains, à nos contemporains. Le Loup-Garou, sous l’Ancien Régime, désigne uniquement le loup qui s’attaque à l’homme, pas le loup dans son ensemble. Quel rapport as-tu à toi, à l’espèce humaine ? Et quel message t’aimerais lui transmettre à travers ton art ?
C’est encore une fois une très bonne question. Eh bien, écoute, mon rapport à l’espèce humaine, c’est que j’ai l’impression qu’on est dans une société où tout le monde se regarde, où on s’efface un peu et on a une facilité à suivre ce que les gens nous imposent. Je pense qu’il y a beaucoup de choses qu’on nous impose et on est en train de perdre la maîtrise de sa propre vie. Dans la course à… J’ai 17-18 ans, maintenant il faut que je fasse des études ou alors que je fasse de l’argent direct. Après direct, hop, une meuf. Après, un prêt à la banque, une voiture et un enfant et tout. Franchement, on est vraiment dans des schémas, des routes qui sont pré-tracées et je trouve qu’il faut jouer avec la vie, il faut être un garçon joueur. C’est ça que j’aimerais leur apprendre dans ma musique : écoute-toi, tu t’en fous des autres, sois un garçon joueur, joue un peu avec la vie.

Merci beaucoup ABSOLEM !
Merci à toi, Scolti.

Merci pour tous ces messages, qu’on retrouve actuellement dans ta mixtape «Balle d’Argent».
Et la réédition est sortie il y a deux semaines, Avec 6 titres supplémentaires, avec Venlo, Kurdy et Bakari en featuring. C’est sorti depuis le 27 octobre. Et merci pour l’interview.

Vivement la suite !
Merci beaucoup, frère

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