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photo © Bastien Burger

BERTRAND BELIN & PERCUSSIONS CLAVIERS DE LYON

par aSk

Initialement programmé en novembre 2020 au Tandem, BERTRAND BELIN a fait son retour dans la cité atrébate en juin dernier pour un Casino comble.

Malgré les consignes d’usage (celles d’avant le 12 août n’est-ce pas), quel bonheur de renouer avec le concret, le concert béton, le vrai, en direct, partagé, sans filtre ou presque, sans mot de passe ni connexion haut débit, avec répliques instantanées et espace-temps vibrant d’énergie. C’est donc un parterre chaud bouillant qui a accueilli le bonhomme Belin et sa pantomime bien huilée. De quoi mettre les néophytes dans l’ambiance.

Dans la foulée du succès de son dernier opus Persona, BERTRAND BELIN a inauguré un projet et une tournée d’une ambition folle folle folle. Accompagné par les Percussions Claviers de Lyon, voici une très belle occasion de réarranger ses « tubes », en tout cas de proposer une sorte de best-of affectif parmi un répertoire déjà bien fourni.

Sous la direction de Gilles Dumoulin, les Percussions Claviers de Lyon révèlent tout le charme insolent des chansons de sieur Belin et apportent une touche supplémentaire, un cachet en sus, une patine loin d’être superflue, un vernis chic mais en aucun cas clinquant. Pas de doute sur la longévité des morceaux qui, sous leurs airs de squelette arrogant, débordent bien souvent d’une chair pulpeuse et généreuse. Servies par d’imposants et nobles instruments (marimba, vibraphone, xylophone…), les mélopées ainsi revisitées font entendre toute la polyphonie et le monologue intérieur de « B.B. » qui s’en donne à cœur joie et poursuit sa danse effrénée, ses acolytes prenant le relais d’un jeu mantra jamais monotone. Il faut dire, BERTRAND BELIN a encore affiné son débit absurde et son sens de la chorégraphie irrésistible avec jeu de jambes disco (hello Jarvis Cocker). Un show de haute volée qui mêle sans en avoir l’air – et comme à l’accoutumée-, consistance et légèreté.

Avec une setlist qui fait la part belle à Persona, le concert s’achève sur une pièce d’Olivier Messiaen et sur « C’est Comment Qu’on Freine », titre déjà interprété lors de l’hommage à Alain Bashung au Grand Rex. Voilà, Belin semble enfin assumer la filiation. Il faut dire que les arrangements de Thibault Frisoni y contribuent grandement et n’ont fait que le rapprocher de cette voix-ci et de cette voie-là, depuis quelques albums déjà. Mais que ce rapprochement de plus en plus évident ne devienne pas un raccourci de comm’, car bien qu’ayant cette même appétence pour le situationnisme rock n’roll, ce verbe doux dingue et les pas de côté scéniques, voire filmiques, avec incarnation de figures sismiques (Billy The Kid pour Belin, Le Cimetière Des Voitures d’Arrabal pour Bashung), quoi qu’on en dise, les deux ont chacun leur grammaire propre. Et Belin en tant qu’écrivain, c’est quelque chose, on ne le dira jamais assez. Ses chansons si laconiques en apparence ne sont que les prémices de ses livres, déjà parus et à venir, et si ça se trouve il en a tout un container en stock…

Seul bémol, le marin Belin devait amarrer dans tant de ports avec tous ces reports soudains que nous n’avons pu lui soumettre pour de vrai quelques grands points d’interrogation ruminés depuis le Pharos précédent. La prochaine fois sera la bonne, nous l’espérons. Alors à quand, Bertrand ?