Fast And Too Much
Par aSk
Tatiana Mladenovitch (aux fûts pour Bertrand Belin et Theo Hakola, entre autres) se réinvente ici en anti-gogo dancer, revendiquant ouvertement et vertement (cf. la pochette du disque) identité transgenre et tout ce qui va avec.
Exit donc l’avatar précédent Fiodor Novski et son projet FIODOR DREAM DOG, où surgissaient déjà des subtilités hors-format (l’album I Lose Things paru en 2009, suivi de Second Of Joy en 2011, du EP «Sunnight» en 2013 et du tout aussi excellent «Best» en 2015, qui avait été accompagné d’une remarquable et remarquée release party au Point Ephémère). On se souvient aussi de sa cover inattendue de «Sweet Fanta Diallo» d’Alphablondy pour une compilation Barbi(e)turix, reprise qui constitue une jonction parfaite entre ses deux projets.
Avec la complicité de Katel, FRANKY GOGO produit et réalise un premier EP abrasif qui nous laisse volontairement sur notre faim (4 titres où rien ne dépasse). Sous influence trap et électroclash – avec néanmoins du down tempo lugubre-, les contretemps et harmonies chelou sont de mise. Autant dire qu’il faut y revenir par deux fois pour s’assurer du chemin emprunté. Le single éponyme, «Fast And Too Much», déverse sa ritournelle addictive. Ajoutez à cela un clip décapant au possible, non sans évoquer l’acidité d’Aphex Twin + Chris Cunningham. On pense également à la talentueuse Toulousaine Madmoizel qui œuvre depuis un moment dans l’électro mutante et politisée. Non, décidément, l’option minimalisme prend faussement le dessus ici, et c’est la même patte Mladenovitch aux arrangements barrés qui opère de nouveau. Idem côté contenu : FRANKY GOGO se réclame notamment de Claude Cahun, prônant ainsi un universalisme libérateur plutôt qu’une différenciation sexuelle synonyme de rôles prémâchés… Se faire la malle, virer freak. FRANKY GOGO part pour Hollywood. A moins qu’il n’en soit jamais revenu. Mais au fond, peu importe la destination. Go ! Go ! Vas-y Franky !