You are currently viewing ANGE

ANGE

Comme un parfum de jubilé…

Par Patrick DALLONGEVILLE

Si vous n’êtes pas superstitieux, la formation pionnière du rock progressif hexagonal se produira le 13 octobre au Splendid de Lille… Un vendredi.

Bonjour, Christian Décamps. Ça me fait tout drôle de vous parler, car je vous ai vu et entendu le 6 mai 1975 à la Salle de La Rotonde à Fâches-Thumesnil (devenue ensuite la Salle Jacques Brel), à l’époque de votre album Émile Jacotey, avec Guénolé Biger à la batterie…
Je me souviens de ce concert, en effet…

À l ‘époque , vous étiez le groupe leader sur la scène française…
Toute une époque, oui.

Un temps où Jean-Bernard Hébey, lors de son émission quotidienne sur RTL (Poste Restante), faisait gagner des 33 Tours à ses auditeurs sur concours téléphonique. J’y avais remporté votre double album live, La Fantastique Épopée Du Général Machin. Que pouvez-vous encore nous dire de cette époque pionnière ?
Cet album que vous évoquez était paru à l’époque sans notre accord. C’était notre manager d’alors qui en avait permis la publication. Nous étions partants pour que cela paraisse en tirage limité, en tant que document pour les fans, mais pas dans le circuit des disquaires. Nous avons donc demandé à ce que nos royalties soient reversées à une association caritative.

Le son n’en était pas exceptionnel, en effet. Désormais, ANGE, c’est une quarantaine de disques (dont une douzaine de lives), six disques d’or et un Grand Prix de l’Académie Charles Cros en 1976 pour Par Les Fils de Mandrin, et pas moins de 35 membres recensés, au fil du temps…
Cela me semble un bon calcul (rire). Un groupe qui dure, c’est ça, ça a été la même chose pour Genesis et Pink Floyd, on est tous à la merci de changements. Il y a des gens qui sont plus impatients que d’autres. Les musiciens qui embarquaient sur le vaisseau ANGE ont toujours été libres de s’en aller quand ils le souhaitaient… J’ai fondé le groupe en 1969, puisque j’avais écrit La Fantastique Épopée Du Général Machin au printemps et en été de cette année-là, et j’ai donc battu le rappel de musiciens pour l’interpréter sur scène. C’était bien, cette époque, parce qu’on y avait l’envie d’inventer. On était fascinés par le rock british d’alors, qui nous a largement inspirés, et on a voulu transposer en français ce qu’ils faisaient, mais à notre façon.

À l’époque, vous étiez la seule formation française à vous produire sur scène avec deux claviers qui jouaient simultanément, c’était la marque des frères Décamps, vous et Francis.
Oui, et à présent, c’est tout à fait autre chose, puisqu’on est en train d’achever notre tournée des 50 ans, qui a été retardée à cause du confinement. Et par ailleurs, nous sommes également en train de peaufiner un nouvel album qui va sortir d’ici la fin de l’année, et qui s’intitulera Cunégonde. Ça paraîtra chez ArtDisto, un label indépendant diffusé par l’Autre Distribution. C’est une autoproduction, comme nous en publions depuis pas mal d’années maintenant.

« Je suis né pour raconter des histoires, et ANGE est le meilleur boulot que j’ai jamais eu ! »

À Tourcoing, nous comptons un de vos plus fidèles et ardents fans, Jean-Michel Ledent…
Bien sûr, l’ancien patron-gérant du P’tit Quinquin ! Je m’y suis produit en solo et c’est vraiment un ami.

Et votre public aujourd’hui, c’est qui ? Essentiellement des vieux de la vieille, ou des nouveaux venus ?
Oh, c’est un peu la même tranche d’âge que ceux qui viennent voir Peter Gabriel. Des jeunes, il y en a, mais les plus nombreux se situent entre 30 et 60 ans, comme pour beaucoup d’artistes ayant débuté à peu près à la même époque que nous.

Vous même, sans trop d’impertinence, vous approchez de l’âge fatidique à partir duquel on n’a plus le droit de lire le Journal de Tintin…
(Rire) Oui, en effet !

En ce qui vous concerne personnellement, ce sera réellement votre dernière tournée ?
Pour ce qui me concerne, en effet. J’ai prévu de quitter la scène le 31 janvier 2025, à l’Olympia – si je suis encore vivant (rire) ! Pour des raisons de santé, avant tout, car je commence à souffrir pas mal de rhumatismes, mais cela n’a rien d’exceptionnel à 77 ans.

Mais si j’ai bien compris, cela ne signifiera pas la fin de ANGE ? Le groupe continuera bien d’exister après votre départ ?
C’est ce qui est prévu.

C’est votre fils Tristan qui reprend l’enseigne ?
C’est du moins ce que je souhaite !.. Nous avons eu une carrière incroyable. ANGE, c’est le groupe français le plus célèbre à être passé inaperçu (rire).

Pas tout à fait. Vous avez un point commun avec Little Bob, celui de la persévérance dans la longévité.
Certes, mais comme lui aussi, nous n’avons quasiment jamais fait la une des média.

Ah, c’est sûr qu’à vos débuts, on ne vous voyait pas dans «Salut Les Copains»…
Je sais bien, mais en toute modestie, je trouve que la carrière du groupe méritait davantage d’attention, ne serait-ce que quand nous fêtons nos 50 ans d’existence… Mais dans le fond, je m’en fiche ! Je suis né pour raconter des histoires, et ANGE est le meilleur boulot que j’ai jamais eu !

Agenda

Missing Event Data