You are currently viewing CELESTE
Céleste @ Betizfest Cambrai © Pidz

CELESTE

Par VANDAL

CELESTE est un regroupement en 2005 de plusieurs membres d’autres groupes (Forge, Mihai Edrisch, Flashfalcon et Hijacker…). Guillaume (guitariste), Johan (chanteur) et Antoine (batteur), me font l’honneur de m’accorder une interview.

La plupart de vos clips sont des sortes de courts métrages en noir et blanc, vos pochettes arborent également ces couleurs avec des photos de grande qualité… Vous cultivez la noirceur ? Le côté visuel semble primordial pour le groupe ? Avec qui travaillez-vous pour ces visuels ?
Johan : c’est moi qui fait une grande partie des visuels. C’est vrai qu’il y a une volonté d’avoir une cohérence entre la musique et le visuel. Je pense que c’est un tout. Ça permet d’apporter plus d’émotion, si tu as quelque chose de cohérent. Il y a un lien. L’idée c’est d’écouter la musique et d’avoir le visuel en tête, s’imaginer des choses, avec les paroles. Ça crée un ensemble.

Tu fais aussi les clips ?
Johan : Je ne suis pas derrière la caméra. Mais je joue le rôle de directeur artistique. C’est assez nouveau les clips. Jusqu’à présent on en avait fait qu’un seul en quinze ans de musique, mais on en a fait beaucoup récemment. On avait un peu peur de ne pas réussir à matcher le côté visuel et vidéographique avec notre musique et l’intention qu’il y a derrière. Au final on s’est lancé dans le bain. On a réussi à produire des clips qui sont assez fidèles avec ce qu’on veut proposer en terme d’imagerie, de propos et d’émotion.

Vous êtes un groupe catégorisé sludge metal, black metal, post-hardcore, screamo. Pouvez-vous préciser, pour les novices, à quoi correspondent ces genres ? Comment définiriez-vous votre propre musique ?
Johan : On n’a pas de style. L’idée, quand on compose de la musique, c’est qu’on pense plus à une ligne directive. On se dit que ça peut être de la violence, de l’amour, de la noirceur, de la mélancolie, de la tristesse… plutôt que se dire ça va sonner sludge ou post hardcore. On ne va pas se mentir, on a tous (dans CELESTE) écouté ces styles, mais personne n’est vraiment fan…
Antoine : moi j’aurais plutôt dit qu’inconsciemment, on a pris un peu dans chaque style, une partie qu’on aime bien, et après on a fait un mix à notre sauce de ce que l’on trouve le plus intéressant dans chaque genre.
Johan : on ne s’est jamais dit « on va faire un groupe à la… ». On va faire CELESTE. On a la volonté d’être très violent, extrême, très noir, et d’avoir notre ambiance musicale propre à nous.

Céleste @ Betizfest Cambrai © Pidz

Dans le morceau «Cœur Noir Charbon», Emily Marks apporte une touche particulière de féminité. Pourtant, ce morceau fait beaucoup d’allusions à l’inconsciente répétitivité du travail harassant de mineur. Il y a comme une métaphore avec le clip qui montre la récidive de la violence dans un couple. Quel cheminement vous amène là ?
Johan : C’est l’image du noir qui vient la première à l’esprit. Ce titre est un peu le climax de l’album, tout le thème que j’y développe. Après je t’avoue que je n’aime pas trop expliquer en détail quelle est l’intention. Il y a aussi une volonté de te laisser réfléchir par toi même. Mes paroles sont assez nébuleuses pour que tu puisses te faire ta propre interprétation. Moi je sais ce que je veux dire derrière. Si tu interprètes de la mauvaise façon, ça ne me dérange pas, ça fait partie du jeu.

« Vu qu’on a besoin de respiration dans nos albums, vu qu’on fait des choses très denses, c’est devenu un gimmick chez CELESTE de faire un instrumental pour respirer. »

Vous chantez en français des textes évoquant violence, amertume, mélancolie, oppression, désespoir, mal-être ambiant… Quels sont les thèmes sociétaux abordés ?
Johan : Tu as compris là où on allait, tu l’as bien défini. On vient souvent sur des problématiques de violences sexuelles, de toxicité dans le couple, de religion. On essaie de créer pour chaque album un fil conducteur, une histoire cinématographique. Le but est : quand tu écoutes l’album, tu as envie de l’écouter du début jusqu’à la fin. Tu vois qu’il y a une histoire qui se construit.
Guillaume : c’est plus qu’un nom d’album, c’est une thématique. Le premier album s’appelle Pessimiste(s), le deuxième Nihiliste(s)

Parlons des textes : la recherche stylistique et syntaxique est pointue (on y décèle quelques figures de styles, comme la métaphore, la personnification ou l’allégorie). Mais vous faites aussi des morceaux instrumentaux (et ajoutez parfois un piano, un violon)… Pourquoi cette ambiguïté ?
Johan : Quand on compose un morceau, souvent on ressent une intention plus instrumentale pour certaines choses. Il y a un moment dans la composition où on se dit celui-ci (de morceau) est moins ouvert au chant. Vu qu’on a besoin de respiration dans nos albums, vu qu’on fait des choses très denses, c’est devenu un gimmick chez CELESTE de faire un instrumental pour respirer.
Guillaume : c’est pour se reposer un peu. Mais ça vient naturellement. Il y a des morceaux qui marchent mieux sans le chant.

Vous cherchez la perfection. Il vous a été reproché d’aller trop loin dans ce caractère obscure de l’Homme (donc les textes) et la musique trop lourde dans sa construction. Pour moi, c’est totalement fait exprès pour appuyer encore plus vos compositions et l’atmosphère que vous souhaitez installer…
Guillaume : dans la musique oui, ça nous a été reproché. Il y a un mot qui revient régulièrement quand on décrit notre discographie, c’est la dimension monolithique. C’est comme si tu te prenais un parpaing dans la gueule, une espèce de masse, un bloc, un rouleau compresseur. Ça a été notre but jusqu’au dernier album dans lequel on a apporté un peu plus de nuances dans cette noirceur pour démontrer qu’il peut y avoir un peu de lumière dans la noirceur, qu’il peut y avoir du relief. C’est pas quelque chose de totalement uniforme.
Antoine : c’est complémentaire. Pour nous, la musique est autant importante que les paroles. Voir plus importante. Les paroles ne sont que la cerise sur le gâteau dans un sens.

Des projets ?
Réponse collégiale : On va en Grèce dans quelques quelques semaines, une tournée au mois de mai, le Hellfest, le Full Force, une micro tournée au Canada, et quelques festivals d’été.

Interview réalisé lors du BETIZFEST 2023