« L’Interview De » ODDISM

« L’Interview De » ODDISM

Par Romain RICHEZ

Nouvel épisode, nouveau groupe et nouvelle claque ! Cette fois, c’est ODDISM qui prend possession de « L’Interview De » et disons qu’en choisissant le mathcore pour poser des réflexions philosophico-humaines bien trop complexes pour le commun des mortels, ODDISM ne pouvait qu’envoyer une musique débridée et dépourvue de toute limite ou même ligne directrice dans sa composition. Quoi qu’il en soit, par les voix de Matthieu et de Gio (respectivement batteur et chanteur), ODDISM revient sur tout cela, sur son premier EP Alone, sur son premier album Dance In The Maze, le tout pour son premier passage dans « L’Interview De ». Alors place aux confessions et réflexions…

Salut les ODDISM, tout d’abord pour la traditionnelle question de début d’interview, pouvez-vous présenter ODDISM à nos lecteurs ?

Matthieu : Bonjour à tous ! Alors ODDISM se présente comme une musique posant une question sans vraiment qu’il n’y ai forcément de réponse. Mais toutefois, ODDISM est une musique qui pousse l’auditeur à une réaction qui varie selon les cas ! (Rires) L’univers du groupe est tourné autour du thème de l’« intrus ». Et ce, autant du point de vue individualiste que collectif, et des différentes images que l’on peut y accoler. Pour les experts je présenterais le style du groupe comme du chaotic hardcore / mathcore. Et pour les néophytes disons que c’est du bon gros metal fusion !

A la base, pourquoi avoir choisi cette musique épileptique qu’est le mathcore ?

Matthieu : ODDISM est l’évolution d’un premier projet que nous avions avec Paul (NDR : le guitariste). A l’époque de cette première formation, nous étions de grands admirateurs de The Chariot, The Dillinger Escape Plan et autre IWRESTLEDABEARONCE, pour ne citer qu’eux. C’est cette forme de folie musicale qui nous a attirée premièrement. C’était quelque part du jamais vu et jamais entendu pour nous ! (Rires)
D’ailleurs, plus sérieusement, ce style permet une quasi liberté en terme de composition et se prête parfaitement aux thèmes que nous abordons.

Gio : Comme dit Matt, nous avons, avant tout, choisi le mathcore pour la liberté musicale. Personnellement, à la base, j’ai toujours évolué dans des groupes de Hardcore et de death-metal bien que j’ai toujours beaucoup écouté des groupes comme Converge, The Dillinger Escape Plan etc. Quand je suis entré dans ODDISM, cela fut pour moi beaucoup de travail mais surtout la découverte d’une musique extrêmement riche.

Avant d’en venir à l’actualité brulante d’ODDISM, l’EP Alone sortait il y a désormais deux ans. Avec le recul, que retenez-vous de cet EP ?

Matthieu : Alone nous aura donné bien plus que nous ne l’espérions ! Entre les différentes tournées et belles dates qu’il a pu nous offrir, ainsi que les nombreux retours à la fois positifs et négatifs, cet EP nous a permis d’avancer et de réfléchir sur notre musique. Et désormais, nous revenons avec un peu plus de bouteille et une envie toujours plus grande de péter la baraque. A ce sujet, nous remercions toutes les personnes qui ont su nous apprécier et nous soutenir sur notre route. En fait, Alone est un premier EP qui ne pouvait pas mieux se dérouler à mon avis !

Gio : C’est exactement ça ! Tu sais même avant que l’EP ne sorte, nous l’avions fait écouter à des amis, d’autres groupes et nous n’avions eu que des bons retours. Nous avons eu de superbes bonnes dates grâce à lui, nous avons notamment joué au Danemark, en Allemagne, en République tchèque, en Belgique etc. Je pense que pour un premier EP, nous ne pouvions pas rêver mieux!

Aujourd’hui, ODDISM s’apprête à sortir son premier album, Dance In The Maze. Selon ODDISM, quelle évolution ODDISM a connu entre ces deux sorties ?

Matthieu : Une certaine maturité dans la composition et une envie toujours plus grande de pousser ce projet vers le haut !

Gio: Nous avons fait en sorte de prendre en compte les différentes remarques que nous avions reçu concernant Alone. Avant de composer l’album, nous savions déjà le genre de passages que nous souhaitions mettre dans celui-ci. En cela, nous avons énormément travaillé sur l’album, il est réfléchi de façon telle que tout est lié. Et globalement, je pense que les titres sont plus riches à tout point de vue que ceux présents sur l’EP Alone.

Pour rentrer dans le vif du sujet, pourquoi « Dance In The Maze » ? Que se cache-t-il derrière ce titre ?

Matthieu : « Maze » signifie « labyrinthe ». Et le moins que l’on puisse dire c’est que le principe du labyrinthe est un concept qui m’inspire beaucoup, de part son image mais également sa symbolique. En effet, on peut facilement le comparer aux méandres du cerveau humain, mais aussi à toutes les possibilités qui s’offrent à nous dans notre vie et donc aux différents choix que nous pouvons faire. Cette image illustre aussi bien la musique que nous proposons : une musique en perpétuelle évolution, dans laquelle on peut aisément se perdre ! Pour ce qui est de cette « danse labyrinthique », c’est d’une part une référence antique, où il était dis que pour évoluer dans un dédale, une danse proche du rituel était de mise. D’autre part, en restant plus terre à terre, la danse est à mon avis signe de bonne santé mentale, signe que l’on profite de son existence. Ce titre est donc une invitation à profiter de la vie via ses choix.

Dans le même genre d’idées, quels thèmes et réflexions aborde Dance In The Maze ?

Matthieu : Pour cet album, le thème est moins centré sur l’intrus qu’avec Alone où les textes traitaient majoritairement de questionnements internes. Ici, les textes s’ouvrent à l’image de la musique. Nous arrivons donc sur des problèmes qui sont plus d’ordre sociétal tels que l’argent, la liberté ou encore la compétition pour ne citer qu’eux.

Niveau musical cette fois, Dance In The Maze va bien plus loin qu’Alone. Comment s’est déroulée sa conception et sa composition ?

Matthieu : Pour ce qui est de la composition, le plus gros du travail est fait en amont par Paul et moi. Nous composons chacun des riffs de notre côté en se les envoyant et en communiquant dessus. J’écris pendant cette période les différents textes que nous utiliserons, si possible, pour créer, lors d’une résidence, ce qui va plus ou moins ressembler aux morceaux aboutis. Une fois cela fait, François vient nous rejoindre pour faire sa proposition de ligne de basse avec l’ouverture harmonique qui fait plaisir. De plus, c’est toujours bien d’avoir son avis qui est du coup plus frais que le notre qui avons la tête plongée dedans depuis un moment. Après divers maquettages, l’album est prêt pour l’enregistrement !

Gio: Matt a déjà bien résumé la méthode de travail. Je rajouterai qu’une fois les maquettages enregistrés, Paul et moi travaillons les placements de texte. Nous essayons toujours de trouver les meilleures lignes de chants.

Pour avoir une vue plus dégagée de Dance In The Maze, pourriez-vous dresser une description de l’album titre par titre ?

Matthieu : L’album commence donc avec le titre « Foul Scale », une mise en contexte de notre société et situation. Une société qui pousse toujours vers le haut sans, il me semble, ne jamais vouloir s’arrêter. Une chute est donc de mise à un moment ou à un autre… Dance In The Maze enchaine avec « Brainless Discharge » qui, ici, poursuit le thème du premier morceau avec cette fois la problématique de la compétition. Aujourd’hui dans la société, finalement c’est tout pour celui qui aura la plus grosse part du gâteau. Un fait qui n’a pas lieu d’être et qui pousse les gens les uns contre les autres. Les trois morceaux qui suivent sont liés entre eux et traitent un thème majeur de cet album : la liberté. « Aegroto dum anima est, spes est » : tant que le malade a un souffle (une âme), il y a de l’espoir. Ces morceaux forment un appel à la révolution des pensées et à se retrouver ensemble. Arrive ensuite « Lost Sleeper » dont le texte a été rédigé lors des attaques terroristes, en particulier celle du Bataclan. « Lost Sleeper » suit le parcours d’une victime d’attaque qui ne sortira pas vivant de cette fuite.  Le morceau suivant se démarque de tout ce que nous avons pu proposer auparavant en termes de composition musicale. Plus calme et organique, il fait un triste constat de l’effet néfaste que peut avoir l’argent sur notre monde. Sûrement le texte le plus déprimant de l’album. Enfin l’album se termine par une touche positive « Young Bones ». D’ailleurs pour l’anecdote, celle-ci était initialement intitulée « Memento Mori ». Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une ode à la libération de toutes les contraintes que l’on s’impose. En gros, profitons de la vie bordel ! (Rires)

Enfin, niveau visuel, Dance In The Maze arbore une pochette assez sobre et épurée…

Matthieu : Pour ce qui est des visuel d’ODDISM nous avons opté, dés le début, pour un aspect si possible simple et, comme tu le dis, sobre et épuré. Le fait est que justement cela fait contradiction avec notre musique qui aurait voulu, dans la suite logique des choses, avoir des visuels complexes. Cependant ODDISM est le culte de l’étrangeté. Et à l’image de l’intrus, nous avons choisi la voix paradoxale de la simplicité. Pour décrire la pochette, qui a été réalisée par notre guitariste Paul, on peut y observer un labyrinthe rond pour l’équité qui est fait d’une matière semblant organique. Il est représenté de la sorte dans le but de faire une référence au cerveau humain et plus essentiellement à la vie en général. L’ombre de l’individu que l’on aperçoit fait référence à notre intrus toujours présent dans l’entité du groupe.

Toujours visuellement, Dance In The Maze a été accompagné par le clip de « Lost Sleeper »

Matthieu : Ce clip, dont j’ai déjà expliqué le thème précédemment, a été réalisé pour sa plus grande partie dans les locaux de la gare numérique de Jeumont. Les visuels psychédéliques sont à l’origine de la lumière diffractée dans différents types d’objets en verres auxquels l’on a mis différents effet au montage. Le bouleversement dans ce clip vient à la fin, avec la mort du personnage, et toutes les pages de son « journal de vie » qui tombent. Le personnage nous révèle alors son dernier voyage, psychologique, sous DMT (NDR : la drogue libérant le cerveau lors de la mort). Un grand merci d’ailleurs à la production Tripalaire et à la gare Numérique pour leurs temps et les moyens qu’ils ont mis à notre disposition pour la réalisation de ce clip.

Pour la suite, que réserve ODDISM à 2018 ?

Gio: Déjà 2018 signifiera une masse de concerts ! En cela, nous avons déjà pas mal de bonnes dates qui se sont bookées, nous sommes donc très heureux.

Matthieu : Pendant cette période, nous tacherons de défendre au mieux cet album et de le faire voyager au maximum. Mais également, 2018 sera annonciateur d’une nouvelle phase de composition pour préparer la suite de Dance In The Maze. Mais avant de passer à la suite, nous avons encore quelques petites surprises concernant Dance In The Maze, mais nous n’en dirons pas plus. Il faut que nous gardions une part de mystère ! (Rires)

Pour finir de façon plus décontractée, après avoir tourné à travers l’Europe, joué avec des groupes tels que Regarde Les Hommes Tomber, Born From Pain, Black Bomb A ou encore Nostromo, quelle tournée ou date commune ferait rêver ODDISM ?

Matthieu : A l’échelle nationale nous serions très heureux de partager des dates avec Birds in Row. Sinon en parlant d’utopie, une petite tournée américaine avec des groupes tels que IWRESTLEDABEARONCE, Converge ou encore Yüth Forever serait comme un aperçu de paradis ! (Rires)

Gio : Sur ce point, je vais rejoindre entièrement Matt : ouvrir pour Converge ou Birds In Row serait juste parfait !

Pour définitivement clôturer ce petit jeu des questions-réponses, quel est le dernier mot d’ODDISM ? Attention, vous n’avez le droit qu’à un seul mot. « mathcore » c’est trop facile hein…

Matthieu : « Rêve » ! Je pense que c’est le mot qui représente le mieux cet album.

Gio : Pour ma part, ce sera « Evolution » car ce mot illustre parfaitement notre album.

Alors que ce soit par son « rêve » ou son « évolution », ODDISM poursuit son chemin dans la liberté la plus totale de création. Le seul mot d’ordre étant, peut-être, simplement de toujours aller plus loin dans sa composition. Mais peu importe, revenons à l’instant présent et saluons le travail d’ODDISM et notamment son premier album, Dance In The Maze, qui est humblement une sacrée claque dans la gueule et une démonstration bien de chez nous comme on les aime. La suite au prochain épisode !

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