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NEJ’

Par Scolti

Ses clips cumulent des millions de vues sur YouTube ! Si vous ne la connaissez pas, Nejoua dit NEJ’ est une chanteuse à la signature vocale très identifiable qui mélange avec succès, R’n’B et musique orientale. Présentation…

On t’accueille ici à l’occasion de la sortie de ton nouvel album, SOS Chapitre 3, et plus globalement pour apprendre à te connaître un peu mieux. On y va ?
NEJ’ est une jeune femme passionnée, qui adore ce qu’elle fait, et amoureuse de l’amour.

Très amoureuse de l’amour…
Complètement !

Quelles sont les différences majeures entre la NEJ’ de SOS Chapitre 2 et celle d’aujourd’hui ?
La NEJ’ d’aujourd’hui a gagné en maturité, a beaucoup plus confiance en elle et s’aime beaucoup plus.

On t’a connue cachée derrière un chapeau, qui te servait probablement de bouclier, c’était le cas ?
Oui et non. Le chapeau était pour moi une façon de séparer ma vie privée de ma vie professionnelle, j’avais peur de pouvoir être trop exposée.

Si j’ai bien écouté «Poupiya», ton père, que tu as perdu jeune, en portait un. Est-ce que c’était aussi une façon de lui rendre hommage ?
Alors oui, aussi. C’était surtout un clin d’œil que je lui faisais, en portant un chapeau chaque jour.

T’es sortie de ta colère et de ta tristesse par rapport à son décès ?
La tristesse, on apprend à vivre avec. Et je ne suis plus en colère, parce que ce sont des choses de la vie qu’il faut malheureusement accepter, et il faut avancer et aller de l’avant.

Ça fait partie de l’évolution qu’on retrouve dans SOS Chapitre 3 ?
Exactement. C’est une nouvelle femme.

T’as été une enfant complexée, et dissipée aussi. Tu penses qu’il y avait un lien entre les deux, t’avais un besoin d’exister aux yeux des autres ?
Je crois que quelque part ça amenait les gens à s’intéresser à mon côté rigolo, ce qui faisait oublier mes défauts, mon poids par exemple… Je crois que je ne m’aimais pas assez, en fait.

« Si je n’avais pas la musique je serais peut-être restée bloquée devant la barrière. »

Les « défauts » étaient ceux que tu percevais, ou ceux que les autres te faisaient ressentit ?
C’est ce que je ressentais, et j’avais peur que ça se voit.

C’est donc toi qui définissais tes défauts, et non pas le regard des autres ?
Si. C’était aussi les mots des autres. En primaire les gosses ne sont pas très sympas entre eux. Donc je me mangeais par fois des réflexions pas très cool concernant mon physique, et c’est un poids que j’ai pu ressentir.

Et qui t’a suivi aussi bien dans ton parcours de personne que dans celui d’artiste ?
Les deux, exactement, en tant que femme et en tant que chanteuse.

Les complexes viennent notamment de la comparaison, ou des moqueries, et on retrouve ces deux aspects sur les réseaux sociaux. Est-ce que l’objectif est de sortir des complexes qu’on a, ou alors de passer de l’autre côté de la barrière, dans le camp de celles et ceux qui servent d’étalon sur les réseaux ?
Il faut s’aimer et se donner de l’amour.

Oui, mais ce que je veux dire c’est : maintenant que tu es de l’autre côté de la barrière, est-ce que tu ne peux pas être à ton tour une source de complexes pour d’autres ?
Je pense que non, parce que je suis encourageante, et j’aide les autres à passer la barrière.

Et pour arriver à ça, c’est un travail sur soi, ou un combat contre les autres ?
C’est un travail sur soi, parce que de toute façon même si on se sent bien il y a des gens qui feront tout pour que je me sente mal, il y aura toujours de la critique, dans tous les cas. Donc il faut se sentir bien, il faut s’aimer déjà, pour que les autres vous aime.

Est-ce que ta réussite a aidé dans ce travail sur toi ? Comment fait la gamine qui a le même vécu que toi mais qui n’a pas ta réussite, et qui risque de rester enfermée dans ce qu’elle pense d’elle-même ?
Bonne question. Si je n’avais pas la musique je serais peut-être restée bloquée devant la barrière.

Je pense à toutes celles qui n’ont pas ta visibilité et qui restent enfermées dans ces complexes qui les rongent au quotidien…
C’est une bonne question… là tu me fais voir les choses autrement, carrément… mais le conseil que je donnerais serait de s’aimer, on veut du réel, on veut de la sincérité aujourd’hui, et le physique ne fait pas tout.

Les réseaux, ce sont aussi les rumeurs. T’as subi celle d’avoir signé chez les Illuminatis, comme si c’était une maison de disque, et comme s’ils existaient. Comment on peut combattre la rumeur, et est-ce qu’elle n’est pas un fléau de notre époque ?
Oui. Les gens inventent des rumeurs pour pouvoir exister, pour se donner de l’importance. La meilleur façon de combattre la rumeur est de l’ignorer, et de montrer qu’elle ne nous atteint pas. Quand quelque chose est totalement faux je ne perds même pas mon temps à aller prouver le contraire.

Je te sens d’une nature solitaire, timide aussi…
Un peu oui. Quand je ne connais pas les gens je parais très timide et très réservée, mais quand on me connait un peu on peut vite voir mon côté fofolle, totalement spontanée !

Tu te sens bien dans ta peau aujourd’hui ? T’es réconciliée avec toi-même ?
Complètement.

T’as été solitaire ?
Oui, parce que j’ai beaucoup été déçue en amitié, et ça a été une façon pour moi de me protéger, et de me retrouver.

Est-ce que t’as été victime de harcèlement ?
Harcèlement est un grand mot. Mes camarades de classe n’étaient pas très cool avec moi, mais ce n’était pas du harcèlement. Ils étaient durs.

Tu penses que c’est une cause dans laquelle tu pourrais t’investir ?
Bien sûr ! Si je peux aider des jeunes filles qui passent par là je le ferai. Sans être du harcèlement, j’ai vécu des choses. Et je me dois de le faire.

C’est un devoir, une responsabilité, à partir du moment où on a une visibilité comme la tienne ?
Oui. Surtout qu’aujourd’hui ce que je dis a un impact, donc si je peux m’en servir pour une belle cause je le ferai.

D’accord…Qu’est-ce que tu attends alors ? Qu’on te le propose, qu’on te l’amène ?
En pleine tournée c’est compliqué, mais on peut toujours le faire via les réseaux sociaux, et je pourrais m’investir dans cette cause.

Si quelqu’un venait vers toi pour que tu deviennes une porte-parole, tu pourrais accepter, ça te parlerait ?
Totalement. J’aime aider les gens, les soutenir, et donc je le ferais naturellement.

À l’exact opposé du harcèlement, on a l’amour. C’est omniprésent chez toi. Est-ce que l’amour n’est pas un piège quand on en est dépendant ? Tu dirais que t’es accroc ?
Je crois. On peut dire ça comme ça. L’amour, c’est le langage universel, et le monde me semble froid, je trouve qu’il manque d’amour aujourd’hui.

Et est-ce que la dépendance à l’amour n’est pas un piège ?
Ça dépend de la façon dont tu aimes. Tu peux aimer raisonnablement, ou passionnément… donc ça dépend.

On existe que lorsqu’on aime et qu’on est aimé ? C’est pas dangereux ça ?
Ça, ça dépend de la définition du bonheur qu’a chacun. Pour moi par exemple, il est important d’aimer, et je pourrais pourtant exister sans amour.

T’es donc capable de t’en libérer ?
Oui. Après, certains ont du mal à s’en libérer, et c’est plus compliqué… C’est important d’aimer, et de sentir aimé, surtout dans l’époque dans laquelle on vit. Il n’y a plus de sincérité dans le monde.

Ça peut sembler bateau ce que tu dis, mais c’est à la fois toujours tellement vrai… et est-ce qu’il y a d’autres thèmes qui te tiennent à cœur et dont tu pourrais parler dans tes chansons ?
Là tout de suite je parle d’amour parce que c’est un moyen pour moi de rejeter ce poids. Mais ensuite, je parlerais probablement d’autres choses, comme la maladie, ou la paix ?

Tu ne t’es pas fixée de barrières concernant les thématiques que tu pourrais aborder ?
Non

T’évoques Diam’s dans l’un de tes titres. En quoi est-ce qu’elle a été inspirante pour toi ?
Elle est inspirante parce qu’elle a été une femme et une artiste très engagée, qui a parlé à plusieurs générations, et humainement elle est un exemple. Elle s’est retirée de la scène, elle a trouvé sa voie et elle a tout quitté. Elle ne fait pas les choses à moitié. Quand elle écrit elle est très engagée, c’est profond, tout ce qu’elle fait est incroyable et elle est très inspirante, de par son parcours, à la fois d’artiste et de personne. C’est une battante, qui fait les choses jusqu’au bout. Elle est juste incroyable.

Elle avait la lumière sur elle, et n’était pas forcément heureuse. Tu penses que c’est quelque chose qui pourrait t’arriver ?
Tu sais, être sur scène, avec des milliers de personnes qui te donnent de l’amour, qui chantent en chœur avec toi, puis rentrer chez toi le soir et te retrouver seule… Il est là le choc. C’est ça qui me fait peur. Là c’est le début, c’est incroyable ce que je vis…

T’aurais pu imaginer tout ça ? Tout ce qui t’arrive ?
Je ne réalise pas. Quand on me dit que le public attend parfois depuis le matin devant la salle, je me dis que c’est fou. Mais donc c’est étrange de se retrouver seule chez soi ensuite, après avoir reçu autant d’amour.

Y a un côté montagnes russes au niveau des émotions ?
Oui. Ça m’est arrivé à Bruxelles par exemple. J’ai fait un malaise et j’ai du laisser pas mal de filles qui attendaient pour une photo. Puis j’ai pleuré, parce que j’étais triste d’avoir du les laisser derrière moi.

T’es une hypersensible ?
Oui…

T’as évidemment d’autres influences, parmi lesquelles celles issues de la musique arabe. Quelle est leur importance chez toi ?
La musique arabe fait partie de ma culture, c’est ancré dans ma vie, depuis l’enfance. Je suis d’origine marocaine, je passais mes vacances au Maroc, et sur la route on écoutait la musique orientale. C’était très présent chez moi, et ça fait partie de moi, de mon histoire, de celle de mes parents, de ma famille, et j’ai un bout de moi au Maroc.

C’était important pour toi de relayer ça ? Parce que tu as écouté Diam’s aussi, et pour autant tu ne fais pas du Diam’s ?
Oui, mais ça il fallait que je le fasse, ça fait partie de moi et ça a été spontané, c’est naturel, normal.

Ta double culture donne une double culture musicale ?
Oui !

J’aimerais que tu me parles des « Speed Up versions » et que tu me dises ce que t’en penses ?
C’est dingue, parce qu’ils ne se rendent pas compte du travail qu’on fait en studio, tout ça pour retrouver une version en Speed Up, avec une voix Chipmunks, c’est de la folie (rires). Mais il se trouve que ça plait. Ce n’est pas un choix de production au départ, c’est venu de TikTok, c’est le public qui fait ces versions accélérées. Et finalement on a décidé de valider, on suit le move.

Tu penses souvent à la petite fille que t’étais et qui chantait seule dans sa cage d’escalier ? Il y a dans le public des petites filles, qui chantent peut-être dans des cages d’escalier ?
Mais cette petite fille est toujours là, quoi qu’il arrive ! C’est grâce à elle que je suis là aujourd’hui, je n’oublie jamais, elle est toujours là, du début à la fin.

Est-ce que tu as des regrets ?
Non, parce que tout ce que j’ai fait, les erreurs, les chutes, tout ce que j’ai pu faire, a fait l’artiste et la femme accomplie que je suis aujourd’hui. Zéro regret. Je suis tombée, je me suis relevée, je me suis arrêtée, j’ai repris. J’ai appris, tout au long de ce parcours, et ça m’a endurci. C’est l’apprentissage de la vie, c’est comme ça, on ne passe pas à côté, c’est comme ça qu’on devient plus fort, et surtout j’en suis sortie grandie…