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Bare Teeth / Satanic Surfers © Kalimba

SATANIC SURFERS VS BARE TEETH

Par VANDAL

Sur une proposition de Yannick, capitaine fédérateur du navire BetiZFest, j’accepte de faire une interview croisée entre BARE TEETH (Lille) et les SATANIC SURFERS (Suède). Quand, grâce à mon english impeccable, je me rends compte que de jeunes requins aux dents aiguisées vont se trouver dans la même pièce que de vieux surfers suédois avec moi au milieu, je me dis que ça pourrait être dangereux. Je fais donc le choix d’être accompagné par mon sauveteur-traducteur Julien (membre du groupe False de son état).

Qui est SATANIC SURFERS / BARE TEETH ? (Présentation de groupes par eux mêmes : membres, style, évolution)
SATANIC SURFERS (Magnus et Max, les guitaristes) : Nous sommes un groupe de punk rock suédois. formé dans les années 90. On a commencé à sortir des albums dans ces années là, au moment où ce style de musique commence à être connu et réputé. Nous sommes venus plusieurs fois en France, depuis trente ans, et nous sommes ravis de revenir aujourd’hui.
BARE TEETH (Greg, « leader éclairé guidant le peuple sur la voie de la vertu ») (in english, of course) : On a bientôt neuf ans maintenant. C’est marrant de faire cette interview avec vous. J’ai grandi en écoutant du punk rock, et j’ai découvert les Satanic Surfers dans le milieu des années 90. La première chanson que j’ai entendue, c’est «Silent Box» sur l’album 666 Motor Inn. Qui était sur un CD sampler d’un magazine français. En neuf ans, on a fait quelques bons trucs, on a tourné en Asie plusieurs fois. On a tourné en Europe. On a sorti plusieurs CD et vinyles. On est toujours un petit groupe, mais ça prend du temps pour devenir grand.

Question à BARE TEETH : Connaissez-vous des groupes suédois (punk ou métal) ? Sont-ils des influences/inspirations pour vous ? (ndla : La Suède compte de nombreux groupes punk ou métal de renommée internationale : Refused, The Hives, No Fun At All, The Creeps, Ghost, Arch Enemy, In Flames, Entombed, Grave…)
J’ai écouté énormément de groupes suédois. En groupe actuel, Rebuke de Göteborg. Il y en a tellement, mais ceux que je pourrais citer, c’est Adhesive, Millencolin.

Question aux SATANIC SURFERS : Connaissez-vous des groupes français (punk ou métal) ? Que pensez-vous de la scène française ?
On a joué avec Uncommonmenfrommars. Burning Heads également, que j’écoutais dans les années 90. On a joué aussi avec un groupe qui s’appelait Jetsex, il y a une quinzaine d’années.

Question aux SATANIC SURFERS : Fin 90, on sent que le groupe mûrit et les paroles des chansons évoluent. On décèle des lyrics plus vindicatifs et énervés contre le système, les gens… Juste après, vous quittez Burning Heart pour Bad Taste. Puis Fragments and Fractions (2000) semble relancer le groupe avec un changement de style (moins rapide, moins hargneux, le style penche plus vers le punk rock mélodique). Racontez-nous cette période ?
C’est Rodrigo qui écrit les textes.Au début il écrivait à propos de tout, surtout des textes un peu amusants à l’époque. On s’est rendu compte que les gens écoutaient et lisaient les textes et que peut-être on pouvait écrire des textes un peu plus personnels, un peu plus politiques. Mettre un peu plus d’esprit aussi dans les textes. Je veux pas parler à la place de Rodrigo… Donc c’est parti dans ce sens. Pour le label Burning Heart… Je ne me rappelle plus de l’époque comment on les a quitté. Il me semble que le label n’avait plus trop d’intérêt pour le groupe, pour les SATANIC SURFERS. Il ne faisait plus grand chose pour nous. Ils se sont plus tournés vers le style street punk. Ils ont estimé que le skate punk, le punk rock, n’était plus trop trop à la mode. Et le label Bad Taste, ce sont des amis à nous, de notre ville. Concernant le changement de style. On voulait faire autre chose. On écoutait beaucoup de groupes du Canada qui nous ont influencés. Alors, vous changez…

Satanic Surfers © Kalimba

« Aux alentours de 1995, on jouait en Suède et le « genre » a décidé qu’on n’était plus à la mode. C’est à ce moment-là qu’on a décidé de tourner un peu plus en Europe. »

Question à BARE TEETH : On vous connaît très friands de rencontres. Vous avez fait deux splits internationaux avec Nerdlinger (Australie), Down Memory Lane (Canada) et  Shames (Japon). Le second avec Whatever That Means (Corée), Iman’s League (Singapour) et Stay Awake (Thaïlande). Comment ça c’est organisé, passé ?
On a tourné en Asie plusieurs fois. En 2018 et en 2019. On a joué deux fois au Japon, deux fois en Chine. J’écoute du punk rock depuis vingt ans. J’ai beaucoup de connexions. Quand tu fais des tournées, c’est marrant de rencontrer différentes cultures. Je suis allé au Japon six fois. La scène japonaise est super différente. Ils sont super intéressés par la scène punk. D’ailleurs, quand tu regardes des mangas, la musique associée, c’est du punk, du métal. Concernant la Corée ? J’ai vu, en 2019, qu’il existait un festival sur trois jours dans trois villes différentes (Taïwan et son fameux Baijiu !). J’ai donc contacté les organisateurs par Facebook en leur demandant si ça les intéressait d’avoir un groupe français. Ils m’ont répondu OK. J’ai demandé aux autres s’ils étaient chauds pour aller jouer en Corée. Ils m’ont répondu Let’s Go. C’était mortel. On est de Lille, on est proche de la Belgique, des Pays-Bas, de l’Angleterre, de l’Allemagne… et donc c’est beaucoup plus simple d’aller jouer à l’étranger plutôt que de ne faire que des concerts en France. Même si on devrait jouer plus en France.

Question de Greg (BARE TEETH) : Vous les SATANIC SURFERS. Ça doit être la même chose. Vous avez beaucoup joué en Suède ?
On a joué dans des petites villes, vous voyez, à l’époque ? Maintenant, c’est les trois plus grandes villes qui font jouer les groupes : Göteborg, Malmö et Stockholm. La Suède est un petit pays. La scène suédoise suit la mode. Et le punk rock n’est pas trop ou n’est plus trop à la mode. C’est pour ça que ça n’a pas énormément de sens pour nous de jouer en Suède. Aux alentours de 1995, on jouait en Suède et le « genre » a décidé qu’on n’était plus à la mode. C’est à ce moment-là qu’on a décidé de tourner un peu plus en Europe. On joue une fois tous les cinq ans maintenant en Suède. Je me souviens il y a quelques années, on avait joué avec No Fun At All durant trois dates. On a été agréablement surpris de voir qu’il y avait énormément de monde au concert. La Suède est bizarre comme pays. Dix millions d’habitants. Et quelques clubs de rock. On dirait que les jeunes ne sont pas intéressés par la musique live. Que ce soit dans le punk ou dans le rock en général. Un groupe jouant seul n’amènera pas énormément de monde. Il faut créer un package avec trois ou quatre groupes pour que ça marche. C’est bizarre.

Question de Julien aux SATANIC SURFERS : ça parait différent dans la scène métal ?
Dans la scène métal. Les gens dépensent de l’argent. Ils achètent des t-shirts à 65€ (rires). C’est une scène qui amène énormément de monde. Elle est plus vécue comme un mode de vie. Contrairement à la scène punk rock. Tu as besoin de leader pour faire vivre cette scène Underground. Dans le punk, ils ne veulent pas payer pour une entrée de concert. Il préfère dépenser pour un t-shirt. Et paradoxalement. Si tu veux quelque chose qui dure, il faut forcément qu’il y ait de l’argent pour les clubs, pour les groupes.

Bare Teeth © Kalimba

« On a encore envie de tourner, de rencontrer des gens, de visiter d’autres endroits. Si tout se passe bien on récupérera un bassiste pour enregistrer autant de morceaux qu’on pourra. »

Question aux SATANIC SURFERS : Chanteur/batteur est une position que vous avez couramment pratiquée. Avez-vous des références dans le style ? Comment est-ce venu ?
Rodrigo a un peu été forcé de prendre le chant et la batterie. Lors de l’enregistrement d’un split avec Ten Foot Pole, en 94. Nous avions un chanteur qui s’est barré au moment de l’enregistrement. On s’est posé la question de qui allait chanter du coup sur l’enregistrement ? Rodrigo écrivait des chansons, des textes. Et il arrive à intégrer de bonnes mélodies. Donc il a pris le chant. C’est pas une chose qu’il a envie de faire réellement, mais il fallait que ce soit Rodrigo au chant ! Sa voix est reconnaissable. Quand on s’est reformé en 2015, il y avait un batteur et Rodrigo au chant. Le batteur s’est barré en 2018. Mais on ne voulait plus apporter de nouveaux membres au SATANIC SURFERS. On a besoin de connexions. On ne veut pas de batteur de session ou de musiciens de session. Donc ça s’est fait naturellement pour que Rodrigo reprenne le chant et la batterie.

Question à Greg (BARE TEETH) : une démo en 2015, un album (First The Town, Then The World – 2017), puis les splits (2019 et 20)… et maintenant ?
Je ne sais pas trop. Notre bassiste quitte le groupe prochainement. Jérôme, le batteur d’origine, nous a aidés pour ce concert car nous n’avons plus de batteur. Il n’était plus trop investi dans le groupe. Je ne sais pas trop ce qu’on va faire pour la suite. On ne va pas splitter, c’est sûr. On a encore envie de tourner, de rencontrer des gens, de visiter d’autres endroits. Si tout se passe bien on récupérera un bassiste pour enregistrer autant de morceaux qu’on pourra. Les sortir en singles. Car aujourd’hui, c’est comme ça que ça marche dans la musique. J’ai horreur des plateformes comme Spotify. Mais aujourd’hui, si tu veux exister, il faut que tu aies de la News qui sortent toutes les semaines.

Question aux SATANIC SURFERS : Création en 1989, une dizaine d’albums avec un passage à vide dans les années 2010, de nombreux changements de membres… Qu’est-ce qui vous fait encore tenir et avancer ?
On passe vraiment de bons moments ensemble. On fait ça pour le fun. C’est notre vie. Arriver à l’aéroport et se dire Bah qu’est ce qui va se passer maintenant ? C’est des supers sensations. Faire de la musique dans un groupe, c’est un truc qu’on voulait faire depuis tout jeune, tout, tout jeune.

Avez-vous une question à poser à vos voisins ?

Question de Greg aux SATANIC SURFERS : Que s’est-il passé dans la scène Punk à Umea (ndla : ville du Nord de la Suède, Terre militante du punk et du hardcore) ?
Tu veux parler des scènes plus DIY, crust, punk et hardcore. Il y avait une grosse scène straight edge végane. Ce genre d’endroit, ça dépend des gens y qui vivent et des lieux où il y a une scène qui « vit ». Si tu as un mec qui organise des concerts, qui écrit un fanzine ou sort des CD, si jamais il déménage ou quitte la ville, il n’y a personne qui prend le relais. C’est encore une histoire de mode.

Question des SATANIC SURFERS à BARE TEETH : Pourquoi l’Asie ? Pourquoi avoir joué là-bas aussi souvent ?
Quand tu vas dans les pays asiatiques, tu te retrouves dans des salles et des concerts super professionnels et un super accueil. Il paraît que les États-Unis, quand t’es un petit groupe, c’est compliqué parce que tu joues des concerts pourris (Magnus: « on n’y a jamais joué »). J’adore le Japon, j’adore l’Asie. C’est toujours marrant d’aller jouer là-bas.

Merci au BetiZFest, à Magnus, Max, Greg, Julien pour leur investissement pendant et après cette interview. Merci à François pour sa persévérance à l’organisation de LA rencontre (pas facile d’intercepter ces satanés surfers !). Et merci à Théo, pompier volontaire qui a subi mes blagues tout le week-end, avec le sourire…