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DEDHOMIZ

Par SCOLTI

« Dead Homies » est une expression Californienne pour parler d’amis jusqu’à la mort et DEDHOMIZ est un duo pop (Youv et Enzo) de Roubaisien inséparable…

Salut Enzo ! Bienvenue chez ILLICO ! Tu te, tu vous, présentes ?
Je suis la moitié de DEDHOMIZ. Youv, le chanteur, n’a pas pu venir. Moi, je m’occupe plus de la partie musique. Je ne suis pas juste guitariste, je joue d’autres instruments en live, batterie et basse, et en studio je m’occupe de toute la production, toute la composition, avec Youv. DEDHOMIZ est un duo pop, aux influences assez rock, rap aussi, mais qui reste sur une base de chansons, les refrains sont importants pour nous, tout comme les chansons assez simples. Ça reste de la pop, parce qu’on peut tomber sur une chanson au ukulélé, ou avec une grosse drum, mais ça restera toujours des refrains et des chansons qu’on pourra chanter en mode guitare acoustique et voix.

Duo pop donc. Comment deux gars originaires de Roubaix, aux sensibilités musicales différentes, et entourés de musique urbaine, en arrivent à faire de la pop ?
On s’est rencontré au collège. On est vraiment devenu potes quand on a commencé le skate. Moi, je viens du rock, c’est ce qui m’a toujours attiré, du rock’n’roll au punk, j’ai toujours eu des groupes parce que j’ai commencé la batterie assez tôt. Youv vient plus de la pop, c’est un fan de Michael Jackson, de Bruno Mars, de trucs très mainstream qui passent en radio, mais il est aussi attiré par le rap et la musique urbaine, et donc on se retrouve avec deux aspects très différents qui se rencontrent, qui s’échangent des choses, et qui en arrivent à écrire des chansons. Peu importe notre background, on a tout de suit eu envie de faire des chansons.

Et comment tu arrives à concilier DEDHOMIZ et d’être en même temps le batteur de Skip The Use ?
Ça n’a pas été, et ça n’est pas, toujours simple. Des fois des dates se chevauchent, des fois on ne peut pas être à tel ou tel endroit, on manque des trucs à droite à gauche, mais c’est d’abord une force de pouvoir être dans un gros groupe avec lequel je peux être en tournée toute l’année, être en studio, faire de la production aussi et apprendre de nouvelles choses, et de l’autre côté pouvoir retranscrire ce savoir dans un projet en développement comme DEDHOMIZ.

Tu ne t’y perds pas dans les compos ?
Je compose, et je réfléchis pendant, ou après, où ça ira. Je me dis pas en amont que je vais compser pour Skip ou pour DEDHOMIZ. J’utilise aussi, pour DEDHOMIZ, des trucs appris auprès de Yann, de Mat, de Nelson (membres de Skip The Use). C’est plus une richesse, que s’y perdre.

Et t’as appris quoi de chaque projet ?
De Skip, j’ai appris le professionnalisme, comment faire fonctionner quelque chose, aller tout de suite vers quelque chose qui marche, et de DEDHOMIZ j’ai appris la galère, celle d’aller jouer devant deux personnes qui partent avant la fin du concert, et du coup tu joues devant plus personne, ou composer une chanson, penser qu’elle tue, et se rendre compte que c’est pas l’avis de tout le monde. Les deux font qu’on se retrouve avec une richesse de fond.

DEDHOMIZ est encore en développement. Y a pas une frustration quand tu passes d’un concert devant 30 000 personnes à un concert devant 300 ?
C’est différent. Ça serait mentir que de dire que je préfère que Dedhomiz ça soit devant vingt personnes et que ça me va.

C’est pas une affaire de préférence, ce qui m’intéresse c’est de savoir comment on le vit. Est-ce que tu le vis bien, parce que tu fais juste de la musique dans les deux cas et que tu aimes ça ? Ou est-ce que ça te donne faim aussi par exemple ?
Ouais, c’est ça. Quand tu joues au Main Square par exemple, sur la Main stage, devant 50 000 personnes, et qu’une semaine plus tard tu vas jouer avec DEDHOMIZ en Suisse dans un petit club et qu’il y a 150 personnes, c’est pas la même chose, mais c’est pas pour autant une frustration. Pour Skip the Use, il faut accepter le fait que je suis arrivé dans un projet déjà construit, et que je n’ai pas construit. DEDHOMIZ, je l’ai pris à la base, donc jouer devant 200 personnes qui sont venues te voir est une énorme fierté, presque autant que de jouer devant 50 000 avec Skip. C’est pas une affaire de nombre, ça se compte au parcours et aux efforts fournis pour en arriver là.

Tu auras donc une double casquette au Main Square, avec tes deux groupes. Ça représente quoi pour toi d’y être avec DEDHOMIZ ?
À titre personnel déjà, je suis un enfant du Main Square. J’y allais en tant que spectateur quand j’avais 12 ans pour aller voir mon groupe préféré, Green Day, sur scène, et avec une seule pensée, toute la journée, qui était : un jour, et je sais pas comment, je vais jouer là. Et je l’ai fait. Une fois avec Skip, en 2019, et on va le refaire là. Et pouvoir le faire maintenant, avec un groupe que j’ai commencé dans ma chambre, en slip, en train de jouer de la guitare, c’est un truc de ouf. Et concilier les deux projets de ma vie sur la même journée, sur le même festival, à faire de la musique, c’est le bonheur !

«  la source de DEDHOMIZ c’est l’amitié. Sans ça, y a pas ce groupe, on n’est pas là pour faire de la musique et puis c’est tout, on est là pour être ami, et faire de la musique. »

Tu seras le seul à vivre ça au Main Square, non ?
Ouais, je pense que je suis le seul de tout le festival à vivre ça. C’est incroyable. Avec tous les groupes qu’il y a dans ce festival, je serai le seul à le faire deux fois avec deux groupes différents, c’est trop bien !

Au-delà de l’enthousiasme, c’est valorisant aussi ?
Oui, pour le parcours de DEDHOMIZ, personnellement aussi. J’avais fait le festival avec Skip, l’objectif était de le refaire, mais aussi de pouvoir le faire un jour avec DEDHOMIZ, et là je le fais avec les deux (rires).

L’un de vos titres s’appelle « Keep Control ». Comment on garde le contrôle sur nos vies ?
Là je vais parler juste pour moi, mais je peux pas donner de leçons…

Ou alors à l’inverse, qu’est-ce qui peut nous faire perdre le contrôle sur nos vies ?
Concrètement ? La santé mentale. Ça fait perdre le contrôle total, ça fait vriller, ça fait partir en couille.

Et comment on la conserve alors ?
C’est dur ! Et je peux pas donner de leçons alors que moi-même je galère avec ça, je vais pas m’en cacher. Des fois tout va bien, et y a une connerie qui fait que tout part en couille, et que tout ce qui allait bien d’un coup ne va plus, alors que ça n’a pas bougé autour de toi, c’est juste dans ta tête que ça a bougé.

Ça ne s’est pas joué par le biais de l’alcool ou de drogues ?
J’ai bu de l’alcool à un moment de ma vie, mais sans jamais en abuser, et j’ai arrêté. J’ai toujours détesté la perte de contrôle de l’instant présent. Rien que ça déjà. Et j’ai essayé des drogues aussi. Mais perdre le contrôle de ce que tu fais, des discussions avec les gens, de la vérité de la perception des choses, c’est quelque chose que j’ai haï. J’ai détesté. C’est pas le cas de tout le monde, y en a qui s’en sortent grâce à ça, même si le dire se discute. Moi je ne suis pas là pour juger.

L’amour est une thématique présente chez DEDHOMIZ, notamment via le titre « I Found Love ». C’est quand l’amour se cherche qu’il ne se trouve pas ?
Alors là, faut poser la question à Youv. J’écris pas de textes.

Ce qui ne t’empêche pas d’avoir ton avis ?
C’est vrai. Alors, je suis pas très « amour ». Je suis complètement l’inverse de Youv, qui lui est très « amour ».

Ça veut dire quoi « je ne suis pas très amour » ?
Ça va paraître horrible à certaines personnes, mais j’ai tellement des ambitions et de rêves professionnels qu’une grosse partie de ma vie a été consacrée uniquement, et je dis bien uniquement, à ça. J’ai jamais cherché l’amour, ou à rencontrer quelqu’un.

Mais est-ce que tu l’as déjà trouvé, sans chercher ?
Je vais pas trop parler, pour les précédentes… mais… je sais pas…

C’est pas ton truc ?
C’est pas mon truc. Y a eu, hein, mais c’est pas mon truc.

C’est un sujet grave, l’amour ?
Pour certaines personnes, j’ai l’impression que c’est grave, ouais. Pour moi ça l’est pas.

Y a une autre forme d’amour, qui est l’amitié. DEDHOMIZ est la contraction de « Dead Homies », qui contient l’idée de « amis à la vie à la mort ». Quelle est la place et l’importance de l’amitié dans ta vie ? Pour ça t’as le temps ?
Ouais. Mais encore une fois, j’ai pas beaucoup d’amis. J’ai pas dix amis. J’ai pas cinq amis. J’en ai moins que ça. Des amis. Et la source de DEDHOMIZ c’est l’amitié. Sans ça, y a pas ce groupe, on n’est pas là pour faire de la musique et puis c’est tout, on est là pour être ami, et faire de la musique. Je suis quelqu’un d’assez solitaire et j’ai longtemps pensé qu’il fallait toujours s’en sortir tout seul, sans l’aide de personne, parce que les autres sont comme des bouées. Et je le pense encore, sur certains points.

Des bouées, ou des boulets ?
Non non, comme des petites bouées, comme les petites roues d’un vélo, un jour l’une se casse et tu tombes. Pour revenir sur l’amour, je n’ai pas envie d’être dépendant de quelque chose. C’est un peu complexe ce qui se passe dans ma tête là quand je réponds à la question (rires). Mais oui, l’amitié c’est important, mais faut que ça soit vrai. Des gens j’en connais plein…

Quand on fait de la musique à plein temps, comment gère-t-on les relations avec les proches, famille et amis ?
C’est toujours particulier. On est un peu le mec qui n’est jamais là, qui ne répond jamais au téléphone. « Nan mais lui ça sert à rien de l’appeler, il sera pas là de toute façon, il est j’sais pas où, en Turquie en train de faire un concert ». C’est compliqué, en plus j’ai commencé super jeune à partir en tournée, avec Mat, avec Skip…

C’est à dire ?
J’ai eu mon bac en juillet 2016. En janvier 2017 je partais en tournée. J’avais 18 ans. J’étais pas parti pour faire des études, mais là tu fais une croix sur les relations que les jeunes peuvent avoir à 18 ans. Faire des études, rencontrer plein de gens, sortir… j’ai jamais eu cette vie là. J’ai jamais eu la vie du mec qui sort, qui va en boite, qui va dans des bars avec plein d’amis, qui est très entouré, parce que de une c’est pas ma nature, et j’ai de toute façon pas eu le temps de faire tout ça. Donc forcément tu te rattaches à des très proches, et t’en es plus à des « ah vas-y j’ai rien à faire, je vais sortir avec machin, comme ça je ferai un truc de mon samedi soir », tu vois ? J’en suis pas là.

C’est pas un manque ou une frustration de pas l’avoir vécu ?
Bah nan, je le connais pas, donc…

Une envie alors peut-être, en le voyant chez d’autres ?
Ouais, y a toujours eu une envie, quand je regarde les films par exemple…

Ça me fait penser aux footballeurs pros ce que tu me racontes, qui n’ont pas eu de jeunesse parce qu’ils rentrent très vite dans une logique de discipline et de travail ?
Quand je vois des interviews de footballeurs professionnels, quelque fois je m’y retrouve. Alors eux parfois c’est encore pire, je pense à des joueurs comme Antoine Griezmann, qui a du partir à 12 ans de chez lui, en Espagne, avec une langue qu’il ne connaissait pas, des gens qu’il ne connaissait pas, c’est un truc de ouf ! Moi j’en suis pas là. Mais y a forcément certains aspects de la vie sur lesquels c’est plus compliqué. Mais c’est tout, on vit avec. Des fois je réfléchis, ah tiens si j’avais pas fait de musique j’aurais fait quoi ? Peut-être des études, ou j’aurais été avec des amis, je serais sorti à Lille, comme des gens que je connais font. Mais ces envies ne seront jamais plus grandes que celle que j’ai de faire ce que je fais en ce moment. Ça a dépassé tellement tout, que je suis là où je dois être, là où j’ai envie d’être.

T’es en plein kiff, ou en plein rêve ?
Je suis en plein dans les deux (rires). Je suis en plein dans un rêve qui est un kiff ! Tu vois, quand tu fais un rêve, que tu kiffes, et que tu te réveilles le matin et que tu te dis « rah nan… ». Et bien moi, y a pas le « rah nan », c’est trop bien quoi.

Pour revenir à DEDHOMIZ. Vous êtes en indé. Est-ce que la stratégie de développement passe inévitablement par les réseaux à l’heure actuelle quand on est en indé ?
Malheureusement, et heureusement, oui. C’est pas quelque chose que je cautionne tout le temps, et je vais pas non plus mentir en disant que les réseaux sociaux c’est de la merde. Y a une part de moi qui aime bien ça, parce que je vis avec mon temps, et parce que ça fait partie de ma génération. Mais, oui, ça passe par les réseaux sociaux, parce qu’il y a toujours une demande de chiffres. On peut te dire que ta chanson est bien, et te demander derrière combien t’as d’abonnés, « elle est vachement bien ta chanson, mais t’as combien de vues sur ton clip ? »

« La production, la composition, je fais le mix aussi. Les clips, on les réalise nous-mêmes. C’est moi qui les monte, et on les publie. »

Enzo

Ouais, mais est-ce que tout faire reposer sur ça, et donc dépendre d’algorithmes, c’est pas se tromper de voie quelque part ? Je viens d’une époque où les indés se développaient sans réseaux sociaux ?
J’ai pas dit que c’était uniquement les réseaux sociaux. Ils ont une énorme place. Mais quand tu fais un concert, et on a eu la chance avec DEDHOMIZ de faire des gros plateaux radio ou des premières parties, par exemple, où des fois t’as 15 000, 20 000 personnes, les gens vont s’abonner à ton compte Instagram derrière, et c’est un peu comme une récompense, une validation. OK c’était cool, je m’abonne. Donc ça ne va pas que dans le sens de « se développer sur les réseaux sociaux », en réalité ça passe aussi par les concerts. En faire beaucoup, rencontrer des gens, rencontrer les publics des autres, faire des premières parties, ramener le public des autres vers toi. Donc oui, les réseaux sociaux restent le fil rouge de ce développement là. On va pas se mentir, si t’as soixante abonnés sur Instagram c’est compliqué aujourd’hui.

Mais à l’inverse, est-ce qu’en avoir 10 000 est un gage, sachant que tu dépends d’un algorithme, et qu’avoir 10K abonnés ne signifie pas que les 10k verront ton post ?
Non. Mais ça restera un post qui sera plus vu que si t’as soixante abonnés. Et malheureusement y a une espèce d’hypocrisie par rapport à ça. Je vois des gens qui signent en maison de disques juste par leurs chiffres, y compris ceux des plateformes que j’inclus dans les réseaux sociaux. Mais quand je vais en maison de disques pour DEDHOMIZ, et c’est arrivé, et qu’on me dit « ouais elle est cool ta chanson, mais t’as pas assez de vues sur ton clip donc ça sert à rien. »

Alors que les vues s’achètent aussi ?
C’est où j’allais en venir. Les vues s’achètent, et t’as un artiste à côté de toi, qui a fait le même truc que toi, et je parle sans juger la musique, c’est pas le propos, mais qui achète 500K vues, et qu’à lui on lui dit « ah ouais, quand même », alors qu’ils savent très bien qu’il a acheté des vues, ou des abonnés, le mec a 25K abonnés, et 40 likes sur ses photos, ça se voit en fait, c’est écrit sur son front, mais inconsciemment on voit et on se dit qu’il a 25K abonnés, donc c’est forcément bien…

Y aussi le clip, qui reste une arme de communication, est-ce que chez DEDHOMIZ c’est une autre partie de la dimension artistique, un prolongement du son par l’image, ou un outil comme un autre pour communiquer ?
C’est un peu de tout ça. Je ne dirais pas que c’est un prolongement artistique de la musique au sens pur, parce qu’on n’est pas artistiquement impliqué dans un clip comme on l’est dans la musique. Mais, avec DEDHOMIZ on a tout de suite mis en place le fait de tout faire par nous-mêmes. La production, la composition, je fais le mix aussi. Les clips, on les réalise nous-mêmes. C’est moi qui les monte, et on les publie. Du slip dans la chambre, dont je parlais tout à l’heure, quand je compose, au clip à 50K vues sur Youtube, y a eu que nous deux dans le process. C’est marrant, mais je me rends compte maintenant en en parlant que ça rejoint ce que je disais tout à l’heure, on n’a pas envie d’être dépendants des autres. Pour notre premier clip, on s’est pris une carotte par un gars qui est arrivé en retard, qui nous a fait payer trois fois le prix annoncé au départ, et il n’a pas fait le montage. Là, je me suis dit : OK, je vais le faire moi-même. Je vais regarde comment on fait, et je vais le faire. J’ai monté ce clip là, et j’ai fait tous les autres. Je me suis dit que c’était juste comme ça.

Mais t’as un rapport à l’autre qui relève de la méfiance, ou c’est juste du « on n’est jamais mieux servi que par soi-même » ?
Ouais y a un peu de ça. La partie chiante là-dedans, c’est d’apprendre à le faire. Après, une fois que tu sais le faire, t’es investi dans ton projet, et t’as tout simplement envie de le faire. Des gens nous ont aidé par la suite, des clips co-réalisés par Antoine Bacha par exemple, qui travaille avec des gens comme Kaaris, mais parce qu’il y a une confiance vis à vis de lui. Je veux pas faire le vieux con qui dit qu’il dirige tout, c’est pas ça le but, c’est plus le kiff de se dire « comment faire un truc avec pas grand-chose ? On a une caméra, l’oncle de machin peut nous prêter une voiture, on va à Wattrelos, et on fait croire que c’est Los Angeles. »

Venir de Roubaix et tout casser n’est plus impossible désormais ? Avec des précédents comme ZKR par exemple ?
ZKR c’est fort ! C’est pas impossible, non. Mais, tout casser quand tu fais des chansons où tu dis « i love you », c’est pas la nature de cette ville. Cette ville fait que ZKR représente, y est écrit ROUBAIX sur son front.

Ouais, et il a aussi son talent. Mais avant, quand t’avais du talent et que tu ne venais pas de Paris ou de Marseille, les choses semblaient impossibles. Donc, une fois cette voie ouverte, on peut se concentrer sur le talent, objectivement. On peut parler du talent de DEDHOMIZ, tout court ?
J’ai la chance de faire partie d’une génération où tu peux tout casser, d’où que tu viennes. Skip The Use vient de Ronchin, et ça a tout cassé. Qui pensait que de Ronchin viendrait l’un des top 5 des groupes de rock français ? Donc ouais, venir de Roubaix, et tout casser, mais différemment, parce qu’on ne peut pas dire qu’on représente la ville, on représente juste une partie. Mais voilà… y a eu Bande Organisée, Marseille, Paris, et là un collectif se monte dans le Nord, avec ZKR, Bekar, Gradur, ça défonce ! Et ça montre aussi que le Nord prend une place de plus en plus importante dans le rap et dans la musique en général.

Les envies et le projets de DEDHOMIZ, c’est quoi ? Et ceux d’Enzo, avec ses deux casquettes ?
Pour DEDHOMIZ, l’envie serait de trouver une structure et d’être épaulés par des gens, une team qui travaillerait avec nous. Être en indé c’est bien on a fait plein de trucs, on a joué en France, en Suisse, dans des festivals, on a fait des premières parties, on a fait des clips. Donc au bout d’un moment t’arrives à un step. On ne fait pas de la musique à buzz, qui va se retrouver sur Twitter « t’as vu la dinguerie de DEDHOMIZ ! », c’est une réalité tu vois, parce qu’aujourd’hui, faire de la pop, comme « populaire », c’est pas faire de la musique populaire en fait. Mais c’est pas grave ! Et du coup, pour aller plus loin t’as envie d’avoir une team avec toi, pour trouver des dates par exemple. Je l’ai fait, et je continue à le faire, j’avais commencé à monter une tournée et tout a été annulé avec le covid. C’est la vie c’est comme ça. Mais donc, avoir une structure, un tourneur, qui fasse ça à plein temps, est un souhait.

Ouais, parce que c’est aussi tout ce qui te détourne de la création ?
Ouais, ça peut fatiguer. Après, y a une motivation par rapport à ça, t’as envie de te déchirer, mais ça peut prendre de la place, là où t’as envie de faire de la musique et des nouvelles choses. Là on change un peu de cap avec Youv, on fait des nouvelles chansons, l’album de Skip m’a pris pas mal de temps, et on n’a rien sorti pendant cinq mois. J’ai composé pas mal de choses, Youv a écrit, et faire des nouvelles chansons nous amène à réfléchir à un avenir… différent.

T’as globalement une vision claire de où tu vas et de ce que tu veux. Et est-ce que tu trimballes des regrets ?
Pas encore. Y en aura. Y en a toujours. Mais pas encore. J’en suis encore à un moment de ma vie où je ne fais que réaliser des rêves, petit à petit. J’avance, et je me rapproche d’une période de ma vie pendant laquelle certains rêves seront impossibles à réaliser. Faut accepter. Pas de regrets pour l’instant. Avec DEDHOMIZ, on a eu la chance de travailler avec personnes qui ont ont pris pour des gros cons, qui nous ont défoncé, souillé. J’ai eu peur à un moment d’avoir des regrets, mais ça a aidé.

Et à titre personnel ?
Non. Puisque ma vie est liée à la musique. C’est toute ma vie. Tout ce que je voulais c’était faire ça. L’important est d’être heureux, et c’est ce qui me rend heureux. Je suis content d’être là et de répondre à tes questions. Il ne peut pas y avoir de regrets.

Bonne conclusion, merci Enzo !