Par Florent LE TOULLEC
Après plusieurs warm-up sur la Capitale et la Métropole, la huitième édition du ROCK IN BOURLON s’annonce sous des auspices stoner, sludge et doom cosmopolites. On en profite pour faire le point avec Pierre Gautiez, coorganisateur de l’événement, sur l’évolution du festi’ gratuit qui a pour vocation de «[mettre] du rock dans ton patelin».
À mesure que le BOURLON a gagné en importance, sa prog’ s’est à dessein ouvert à l’internationale. Cette volonté culmine aujourd’hui avec la programmation d’EYEHATEGOD. Ce show sera l’unique date estivale de ces vétérans du sludge dans l’Hexagone avec le Hellfest. Sur un même niveau de renommée, KARMA TO BURN pourra piocher dans vingt années de partitions stoner pour son set place de l’Abreuvoir après un Mountain Czar louable sortie il y a maintenant deux ans. Sous perfusion 70’s, ECSTATIC VISION débarque de l’écurie Relapse Records avec un rock-psyché accordé en mode heavy. Ce trio américain, à défaut de briller par son originalité, produit un son suffisamment efficace pour espérer un live excitant. Outre MONOLORD, les FIVE THE HIEROPHANT devraient quant à eux assurer un set plus introspectif. En un EP éponyme (2015) et un LP – Over Phlegethon (2017) –, ces londoniens ont apposé une marque âcre entre doom, black metal et jazz. Si le saxo accompagne des guitares lourdes, leurs rythmes lancinants se singularisent d’autant plus par une instru’ comprenant djembé, rag dung et bowed guitars emmenant l’ensemble vers des horizons orientaux. De retour à Bourlon après sa prestation en 2017, le tchèque KOONDA HOLAA s’associera cette fois-ci à THE ABSOLUTE NEVER pour une captation live et un pressage vinyle du set à même le site. Avec une telle programmation, c’est à se demander comment ce festival perdu au milieu du Pas-de-Calais fait pour conserver sa gratuité depuis ses débuts.
Rigueur et ténacité
Ce qui a été initié en 2010 avec une remorque en guise de scène par Pierre Gautiez s’est poursuivi en 2011 par la création de l’association Rock In Bourlon et l’arrivée d’Anthony Nunez à la programmation. Alors que la première édition a été abordée « comme une édition test » selon Pierre, « chaque nouvelle édition est depuis envisagée dans une optique plus rigoureuse que les précédentes » avec pour but de mélanger groupes internationaux et espoirs régionaux. Dès 2013, l’équipe est parvenue à accueillir les allemands de THE JANCEE PORNICK CASINO et l’américain ADAM BOMB pour passer en 2016 de sept groupes programmés sur une journée à douze sur deux jours. Un succès qui se mesure aussi à l’affluence croissante du BOURLON : 600 festivaliers en 2015, 1 800 en 2016 pour culminer à 2 300 en 2017. Cette double expansion va de pair avec une organisation soutenue. Pierre et Anthony commencent ainsi à réfléchir au line-up dès septembre. En avril/mai, la quinzaine de permanent de l’association s’activent progressivement autour de la communication presse, de l’arrangement de l’expo et du catering pour atteindre une équipe d’une centaine de bénévoles pendant la durée effective de l’événement, auquel s’ajoute les équipes pro de sécurité et technique (un régisseur général et deux ingénieurs son) qui elles sont rémunérées. Entre l’accueil des groupes et l’encadrement pro, comment fait le festival pour assurer ? « [Il] est financé à environ 10% par la commune de Bourlon et la communauté de communes Osartis Marquion », précise Pierre, à additionner depuis 2017 aux retombées « pourboires » des collectes tipeee (1 000 euros l’année précédente) et aux donations à l’entrée du festival. Le « service restauration et bar demeure (cependant) la source principale de revenue de l’événement d’où l’intention de le valoriser un peu plus chaque année » souligne-t-il, avec notamment de la nourriture végé et vegan et la création d’une bière pour le festival en 2017, renouvelée en 2018. Le BOURLON a pris le temps pour roder une affaire qui roule sans jamais, jusqu’à présent, démérité à son pacte initial. L’option prix libre restant toujours bonne à prendre à l’entrée.