Par Vincent DEMARET
L’édition 2017 du TYRANT FEST m’avait particulièrement enthousiasmé. C’est donc avec plaisir que j’y retourne pour une journée en ce samedi 17 novembre 2018. Le site du Métaphone, les infrastructures autour, le passé industriel des lieux sont un écrin parfait pour ce festival de musique noire.
J’arrive en temps et en heure pour voir THROANE dans un Auditorium bondé (ce sera apparemment le cas tout le week-end tant les groupes programmés dans ce lieu ont attiré du monde). L’Auditorium est en fait la seconde (petite) salle de concert pendant ce TYRANT FEST, le Métaphone étant le navire amiral. Quelques problèmes techniques retardent le début du concert, mais rien d’insupportable. Malgré un son d’une qualité douteuse, du moins de là où j’étais, mais impossible de changer de place vue la densité de population, l’ambiance bien dégueu qui se dégage des albums est parfaitement retranscrite en live. Ça m’a clairement donné envie de revoir le groupe dans des circonstances peut être plus évidentes.
Changement de salle car ZATOKREV a commencé son set au Métaphone. Cette salle est une des mes préférées dans la Région : la bonne taille, le bon volume, un son de qualité, une visibilité excellente quelle que soit la position occupée, des places assises à l’étage pour les vieuxpersonnes désirant se poser, et une esthétique qui me parle. Cette arrivée en cours de route n’est pas une bonne affaire. Je ne rentre pas dans la musique du groupe que pourtant j’ai eu l’occasion d’apprécier, en particulier sur leur album Silk Spiders Underwater… Je reste une poignée de titres et me décide à partir en quête de bière. Amis suisses, désolé pour mon absence de réceptivité. Je retenterai quand l’occasion se présentera.
Cette chasse à la bière (j’avais mis des verres vides en attente sur le comptoir pour attirer la blonde – le CPNT est dans la place) est l’occasion d’aller fureter dans les installations « satellites » du fest. Un chouette marché se tient dans le bâtiment des « Chaufferies », et une exposition de photos et de sérigraphies se tient dans les parages de l’Auditorium. Mention spéciale au travail du photographe William Lacalmontie que j’ai beaucoup apprécié.
Après ces pérégrinations shoppingo-artistiques, retour au Métaphone pour prendre place dans l’attente du set d’HANGMAN’S CHAIR. Je n’ai jamais vu le groupe sur scène, et cela fait un moment que je souhaite les voir. J’avais beaucoup aimé l’album This Is Not Supposed To Be Positive, et leur dernier effort, Banlieue Triste, est un des meilleurs albums de l’année 2018 toutes catégories confondues (oui, oui, je me mouille, je m’engage, #giletnoir). Je vais faire court pour décrire la prestation du groupe : classe, puissance et émotion. Ils entament leur concert avec « Naïve » et « Sleep Juice ». Le chant est parfaitement maîtrisé et la mise en son exquise. Beaucoup de titres joués sont issus du dernier album, et le titre « 04/09/16 » prend une ampleur incroyable sur scène. Je sors de là convaincu qu’on tient un des grands de la scène doom internationale, et comprends parfaitement qu’une référence comme le Roadburn programme ces mecs. Du grand art.
SCHAMMASCH prend ensuite possession des lieux. On entre dans des sphères bien plus black avec ces helvètes. Plus cérémonieuses aussi, plus black à capuche quoi. Je ne suis pas un vrai fan hardcore du groupe, mais plutôt un touriste qui picore çà et là quelques morceaux qui me plaisent bien. Le son est très enveloppant. On se retrouve en totale immersion sonore. J’alterne entre chaud et froid, entre des morceaux qui m’emballent et d’autres qui me laissent de marbre. Le public apprécie, et je surprends des mines extatiques dans la foule. Comme disait Candlemass en 1987 : « You are bewiiiiiiiii-iiiiiiiitched !! ».
Il est maintenant temps d’aller grailler, de relever les pièges à houblon, et de se poser un poil. Ouai, parce qu’après, on va se prendre une décharge de black mélodique allemand avec ces tortionnaires de DER WEG EINER FREIHEIT (à vos souhaits). J’ai acheté leur superbe album Finisterre après avoir adoré leur concert lors de leur venue à Bruges avec Moonsorrow et Primordial, et j’attends ardemment de les revoir sur scène. Je ne fus pas déçu. Une mandale d’agressivité (le batteur est inhumain – réclamons des contrôles antidopage dans les SMAC) et de beauté. Les magnifiques titres « Aufbruch » et « Skepsis – Part I » sont interprétés, ainsi que des titres plus anciens et même un titre de leur tout premier album. Grosse affluence dans la salle puisque, vue de ma petite estrade sur le côté, j’ai l’impression que la fosse est pleine. Le groupe quitte la scène sous une ovation générale.
La tête d’affiche du soir est constituée par les vieux briscards d’AURA NOIR. Je ne vais pas m’étendre plus car je ne suis pas du tout client du groupe. Les fans sont là, le groupe balance la sauce, mission accomplie.
Pour conclure cette bafouille, un gros gros pouce/coup de chapeau/big up/bravo/ce que tu veux de positif à l’organisation (Nao Noïse et le Métaphone pour ne pas les nommer). C’est cohérent sur le plan artistique, bien organisé, à taille humaine, confortable. Il serait incompréhensible que ça chouine par ci, par là, même si on sait bien que les metalleux sont parfois des putains de chialeurs. Je me disais même, dans mes petites réflexions à la con et puisque j’en parlais plus haut : ne tiendrions nous pas là un embryon de Roadburn des musiques noires – rien de moins ? Une jeune bouture qu’il va falloir soigner et cultiver ? Vivement 2019 qu’on aille remettre un coup d’hormones de croissance.
D’ici là, j’attends impatiemment une chose : la prog complète des frangins du Theatrum Denonium ! On est sacrément bien servis en Hauts-de-France quand même.
A vous Cognacq-Jay !