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DARCY

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Par VANDAL

DARCY, c’est LE groupe punk à écouter, à voir, et à rencontrer. Rendez-vous était donné chez les copains du Festival des Vieux Carbus pour y rencontrer Irvin, fondateur et chanteur engagé, enragé mais aussi souriant qu’un gamin devant son jouet préféré !

Présentation du groupe, DARCY est né en 2014. Deux albums : Tigre et Machine De Guerre, des EP et un single avec No One Is Innocent (« La Marine »).

C’est ce single qui vous a propulsé ?
Oui, on ne va pas se mentir. C’est ce qui nous a fait un petit peu exploser.

Vous venez de signer chez Rage Tour et At(h)ome. Qu’est ce que ça change dans votre travail ou votre façon de voir les choses ?
Dans notre travail, ça n’a pas changé grand chose. Dans notre vie de tous les jours, ça a tout changé parce qu’on n’était pas forcément bien accompagnés avec le label précédent, ni en terme de tournées. Rage Tour et At(h)ome sont des accompagnateurs hors du commun. Vraiment, At(h)ome nous soutient du début à la fin. Ils disent oui à toutes nos idées. On n’a jamais fait autant d’articles de presse. Nos clips n’ont jamais fait autant de vues. On a signé chez Rage Tour pendant le covid, mais là on a de quoi tourner pendant deux ans. On est au paradis.

Tu parles de clip. Je suis curieux de savoir comment s’est passé le clip « La Bière », avec Alexandre Pesle (fan de rock de son état, mais pas que) ?
Je travaillais à l’Opéra de Rennes à cet époque là, c’est pour ça que j’ai tourné un clip à l’Opéra (Armageddon). C’est comme ça (grâce à ce clip) que je me suis fait repéré par le label Verycords et Veryshow. Après on a fait un opéra en plein air sur la place de la Mairie. Un énorme évènement avec 5 ou 6000 personnes. Et c’est Alexandre Pesle qui présentait, parce qu’il travaillait pour France 3 Bretagne. Et il vient me voir après et me dit « putain, t’es qui toi ? ». Je lui réponds « je suis chargé de com’ de l’Opéra ». Il dit « mais attends, t’as vu tes tatouages, t’es en Fred Perry ! Qu’est-ce tu travailles à l’Opéra ? ». J’avais une crête à l’époque. J’lui dis « j’sais pas, j’ai ouvert une porte parce qu’il y avait de la lumière ». Il m’fait « t ‘es pas manequin pour 8°6 ? » parce que j’avais un gros bide. Et là je dis « toi tu m’plais ». Du coup on n’a pas arrêté de se charier. On a accroché. On n’a pas arrêté de picoler. Et on est devenu très proche, avec le temps. Il me dit un jour « j’vais faire un clip avec vous »… on va sûrement en faire un deuxième (de clip) … on a déjà notre idée sur le morceau : « Viens Chercher Pogo ».

Beaucoup d’associations, featuring, des allusions à « la famille », ton cousin à la batterie… vous semblez attacher beaucoup d’importance à la notion de groupe ?
Ouais ! C’est important. Déjà c’est une musique qui se fait en groupe. On est vraiment dans un milieu musical ou normalement tu ne la joues pas perso. Tout le monde se donne de la force. Nous on a grossi grâce à No One Is Innocent, par rapport à tout ceux qui nous ont aidés, par rapport aux labels, et notre public. On est toujours très surpris de voir un public aussi fidèle, aussi cool avec nous, qui fait des fois des kilomètres pas possible. Ça a vraiment beaucoup de valeur pour nous. A chaque fois qu’on fait une date, on voit des t-shirts qu’on connaît, des gens qu’on connaît…

Un premier EP méconnu (NDLA : pas punk du tout), pas mal de chansons calmes (« Fangio » première version, « Eva », qui a besoin de poésie, une version acoustique de « La Force »…). Alors que vous chantez la Colère. Y a-t-il truc, une envie de plénitude ?
Ouais, c’est un truc que j’fais tout seul dans ma chambre. Je suis un piètre musicien. Dès que j’arrive à poser trois accords sur une guitare, j’suis content. Et du coup, j’écris un texte dessus. C’est aussi bête que ça. Mais c’est rare. En fait, j’osais pas. Si elles sont cachées sur le premier album, c’est qu’il y a une raison. J’ai encore reçu des commentaires cette semaine. Les gens me disent « comment on peut les avoir sur youtube ? ». Le premier EP, on s’appelait Darcy, mais c’était pas Darcy, c’est moi. On a changé le nom, mais c’est une erreur de notre part. Ça n ‘a rien à voir, c’était quasiment du Placebo.

Je vous ai qualifié de punk sociétal (ILLICO! 57). Qu’en penses-tu ?
Je n’ai rien d’autre à dire, c’est parfait.

« Si je mettais plus de quinze minutes à écrire le texte, je considérais qu’il était bon à jeter à la poubelle. »

Beaucoup de réflexions sur la manifestation, le positionnement politique ou culturel, le militantisme, les mouvements sociaux ou le prolétariat. Est-ce un constat, du vécu, l’envie de rassembler les gens sous une bannière ?
C’est un peu tout ça. Mais c’est surtout un héritage de ma mère qui était une grande manifestante syndicaliste.

En référence au morceau « La Janais »… (usine automobile de Rennes en grève) ?
C’est du vécu (mais pas par moi). J’étais journaliste, j’ai couvert cet événement. Je l’ai fait de manière un peu globale. Mais y’a un moment où un mec est venu me voir, pendant qu’ils bloquaient l’usine, et qui me raconte toute l’histoire de sa famille. J’étais avec le téléphone, je l’ai laissé parler. Je suis rentré chez moi pour taper l’article… et je me suis dit que j’allais en faire une chanson. J’avais les larmes aux yeux quand il me racontait ça. C’est toute sa vie. Son père y avait passé sa vie, il avait immigré en France pour bosser à l’usine.

Une des premières interviews de DARCY, sur France 3 région, tu disais écrire tes chansons en quinze minutes.
Oui, le premier album, pas le deuxième. Si je mettais plus de quinze minutes à écrire le texte, je considérais qu’il était bon à jeter à la poubelle. Parce qu’il faut ce soit vraiment un coup de poing. Faut que tu sois énervé, tant pis s’il n’y a pas de rime, tant pis s’il n’y a pas d’allitération, le nombre de pieds. Là (le deuxième album), j’ai fait attention aux rimes, à la forme. Donc forcément, tu canalises plus ton énergie et ta colère. C’est un peu plus enjolivé, y a des phrases que j’ai dû sqeezer. Dans le livret de l’album Tigre, il y a plein de traces noires partout parce qu’il y a tellement d’insultes, que je les ai censurées. Le deuxième album l’est beaucoup moins.

Vu l ‘énergie dépensée sur scène, vu tes grandes chaussettes, faites-vous du sport dans le groupe ?
Depuis le covid ! Je me suis mis au sport. J’ai perdu 25 kg. Mais c’est pas le sport qui m’a fait les perdre. Je buvais beaucoup de grenadine (NDLA : l’abus de grenadine est dangereux pour la santé !) et du coca. J’ai déjà perdu 10kg en arrêtant ça, et le reste c’est le sport. Je cours et vais à la piscine. Chose que je n’aurait jamais imaginée dans ma vie.

On est en période électorale. Quand on reprend certains de vos morceaux, tu y parles des urnes, de rediabolisation, de responsabilité, sans oublier le titre « La Marine ». Qu’as-tu à en dire ?
Quand Le Pen est passé au deuxième tour (2002), je voyais ma mère en larmes devant la télé. A l’époque j’étais le petit branleur un peu rebelle. Elle a mis un bulletin Chirac dans l’urne. Je le lui ai reproché en disant que d’autres se saliront les mains pour elle. Aujourd’hui je suis le premier à dire « mettez un bulletin ». Tant pis, salissons nous les mains, parce que j’ai trop peur. Mais aujourd’hui, c’est pas la même peur qu’avant. Mon épouse est marocaine. On rigole pas, on prend pas de risque. Tu vas mettre un putain de bulletin, c’est pas grave. On règlera ça d’une autre manière. On ira dans la rue, on ira castagner, on fera autre chose… c’est la seule chose que j’ai à dire !

J’ai noté dans les deux albums des rapports aux Bérus. Est-ce un hommage, une dédicace, l’envie de les remplacer ?
Les Bérus, c’est l’évidence. C’est le seul vrai groupe rebelle français. Ils ont joué à Rennes quand je commençais. Ce qui s’est passé à Rennes était incroyable. Je n’ai pas pu y aller parce qu’il y avait beaucoup trop de monde. Il y a eu une émeute. Les CRS sont venus pour virer les punks qui ne pouvaient pas rentrer. Eux voulaient tout casser parce qu’ils voulaient voir les Bérus. Sur l’esplanade Charles De Gaulle devant la salle de concert, y avait des vélos ou des gens en tongs qui ne pouvaient plus passer tellement il y avait de débris de verre. C’était fou. Je regarde une fois par an leur concert à l’Olympia. T’as les poils qui s’hérissent en voyant ça !