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© Kiara Lagarrigue

POGO CAR CRASH CONTROL

Par Vandal

Tout rédacteur vit aux dépens de ce qu’il écoute. Cette leçon vaut bien une interview sans doute ! J’endosse le rôle du Renard pour un échange avec Olivier, guitariste/chanteur – Maître Corbeau.

Peux-tu nous présenter le groupe  ?
Le groupe est composé de Lola Frichet à la basse, Simon Péchinot à la guitare soliste, Louis Péchinot à la batterie (donc deux frères) et moi-même, Olivier Pernot à la guitare et au chant. C’est un groupe qu’on a monté à l’origine à la sortie du lycée. On se connaît de très longue date. On a toujours voulu faire une musique conciliant l’univers du punk et du métal, sans forcément connaître la musique hardcore. Aujourd’hui on est un peu affilié à la scène punk-hardcore. Dans notre style, il y a quand même une grosse teinte de rock qui transparaît. On chante en français…

Formé en 2011, un EP en 2016, puis premier album en 2018. Comment ce sont passés les débuts ?
De 2011 à 2016, on était en autonomie complète. On sortait de la musique sur internet, des chansons accompagnées ou pas de clips. C’est une période où on était DIY, on faisait les choses avec inconséquence, dès qu’on enregistrait une chanson à l’arrache chez moi. À l’époque j’enregistrais avec deux, trois bouts de ficelle, on mettait ça sur internet. Ça nous permettait de faire des concerts le week-end. On n’était pas dans une logique pro.

Donc, après le lycée, le côté street-punk (EP et premer album Déprime Hostile) est-il une émanation de cette période ? Les paroles sont un peu post-adolescentes. Et vous évoluez ensuite, avec l’âge, sur d’autres sons, d’autres styles ? Vous vivez avec votre temps…
Ça me fait plaisir que tu dises ça. C’est effectivement ce qui se passe. On joue la musique qui correspond à ce qu’on vit, au moment où on la fait. C’est vrai que, quand on a commencé, on faisait une musique qui était plutôt juvénile poussée par une révolte adolescente. Même si à vingt ans on n’est plus tout à fait adolescent. Puis, on a pensé et nourri notre musique avec d’autres inspirations, d’autres énergies. Ce qui fait que notre dernier album est beaucoup plus mâture que ce qu’on faisait au début.

Pourquoi chanter dans la langue de Jean De La Fontaine ? Choix Esthétique, artistique, linguistique ?
Au début quand on a formé le groupe, on s’était dit foutu pour foutu…. On ne croyait pas du tout pouvoir faire des concerts plus loin que notre 77 (Seine et Marne). Ça faisait partie du domaine du rêve. Un rêve qu’on ne se donnait pas nécessairement les moyens de réaliser. On se disait autant faire les concerts les plus bruyants en bas de chez nous. Chanter en français ça nous permettait d’être compris le plus directement par le peu de public qu’on avait au début. On s’était dit que c’était déjà beaucoup plus marrant d’écrire en français parce qu’on pouvait gueuler des conneries et être assez provocants. C’était excitant en fait. On ne savait pas, mais c’est justement en faisant ce choix de chanter en français que ça a fait décoller le groupe.

Les textes évoquent un quotidien fade et cynique, mais aussi caustique et sarcastique ? Qui écrit les textes, qui compose la musique ?
Principalement moi, mais il y a aussi Simon et Louis qui ont quelques chansons à leur actif. J’écris 70% des textes et des musiques. Chez moi je travaille tout ce qui est son et maquette, c’est moi qui fais les pré-prod. Je donne l’esthétique, les idées. Autour de ça il y a Simon qui propose des compos, on se met d’accord. Après on voit tous ensemble en répèt. On met en place les morceaux. Et chacun apporte à sa manière. C’est un peu comme dans Metallica. James Hetfield fait la musique et les textes, et les autres se greffent. Mais, par exemple, «Enter Sandman» c’est Kirk Hammett qui l’a composé. C’est à dire que le plus gros tube de Metallica, c’est juste la chanson qu’il (James) n’a pas faite. C’est un peu pareil avec Simon. «Cristaux Liquides», qui est notre tube ultime aujourd’hui, c’est Simon qui l’a écrit. […] Ce groupe (Metallica) a toujours été une source d’inspiration vu qu’ils sortent du lycée aussi, ils se connaissent depuis très longtemps, c’est un groupe qui a duré.

Attachez-vous beaucoup d’importance au visuel (photos, réseaux sociaux, clips ou pochettes) ? Qui se cache derrière tout ça ?
La dernière pochette c’est Simon qui l’a peinte. C’est une peinture à l’huile. Il voulait peindre ma tronche sur un pare-brise de bagnole. Les pochettes précédentes, c’est un ami (Baptiste Groazil) qui est graphiste. Il nous suit depuis le début. Pour les clips, c’est principalement mon frère (Romain) qui les a réalisés presque tous. C’est lui qui a posé un peu l’esthétique du groupe avec cet humour pince-sans-rire, des trucs un peu potaches, provocs. Les clips, on a commencé dans les années 2010, avec Youtube. C’était très important à l’époque pour la musique.

On sent une évolution entre le premier album (Déprime Hostile – 2018) et le deuxième album (Tête Blême – 2020) . C’est encore plus sombre dans les textes. Il y a une forme d’urgence dans la musique. Est-ce dû à la période covid ? C’était une réelle envie, un instantané ? Est-ce l’effet Francis Caste ?
Francis a fait un travail formidable sur nos deux derniers albums. Tu parles d’urgence. C’est vrai qu’on a fait Fréquence Violence à une date assez rapprochée de Tête Blême, qui lui est sorti en plein covid. C’est un disque qui n’a pas trop connu la tournée. On avait en même temps beaucoup de temps pour s’y consacrer, sur la compo, vu qu’il n’y avait pas de tournée. C’est une période où les interdictions de concerts ont duré longtemps, même au delà des confinements. On en a profité pour faire un disque et revenir avec quelque chose de neuf quand le covid aurait pris fin.

« On n’aime pas faire deux fois la même chose. À chaque fois qu’on a fait un disque, on proposait quelque chose d’assez différent. »

Comment s’est construit le dernier album (Fréquence Violence – 2022) ? On y décèle plus de mélodies, plus d’arrangements… Cette nonchalance qui laisse place à des refrains uppercuts fait penser à la base grunge des années 80. Il semble pourtant plus métal à mon avis…
La composition de cet album s’est faite principalement chez nous pendant le covid. C’est un album qui est centré sur l’écoute, qui se détourne un peu de l’énergie live.

Un album plus studio ?
Oui, on a vraiment poussé la production, les arrangements, les mélodies. Du coup on s’est sorti de l’ambiance live, c’est comme ça qu’on a fait ce disque.

Déprime, blêmissement, violence… je me trompe en annonçant le titre du quatrième album « Suicide Ordinaire » ? J’entends par là qu’on peut voir vos trois albums comme un concept, une trilogie. Ce pourrait être l’histoire d’un ado avançant dans la vie et exprimant ses peurs envers la société… Il y a une logique chronologique ? C’est juste vous quatre qui vieillissez ?
(Rires) Merci de me suggérer un titre. Si tu veux, on n’aime pas faire deux fois la même chose. À chaque fois qu’on a fait un disque, on proposait quelque chose d’assez différent. Je suis content de voir que ça constitue une évolution et une cohérence. Parce que c’est vrai qu’on a du mal à rester sur la même chose et le même style, on aime bien changer. Pour la suite, on n’y est pas encore, mais en tout cas ce sera très rock ! Vu qu’on a repris les concerts, on ira vers quelque chose de plus orienté vers le live, vers de la musique plus efficace[…] Il y a plein de chansons qui sont en gestation.

Avez-vous des projets parallèles en dehors de P3C ?
Louis a un projet pop qui s’appelle Louis La Flemme. Il fait des chansons pop, c’est très différent de ce qu’on fait avec le groupe, mais il s’amuse bien. Lola s’occupe d’un mouvement qui défend la place des femmes sur scène : More Women On Stage. Simon fait de la peinture et il tatoue aussi (même s’il a mis le tatouage entre parenthèses). Et moi je me consacre uniquement au groupe car je fais la partie compo qui me prend pas mal de temps.

Un Warm Up du Hellfest vous fera évoluer au sein du Louvre-Lens (avec Betraying The Martyrs). Tu peux expliquer l’idée ?
C’est l’organisation du Hellfest qui a monté cette tournée. Je ne savais pas qu’il y avait une salle de spectacle au Louvre-Lens. Je suis super content parce que je voulais venir au Louvre-Lens depuis longtemps. Ça m’intéresse d’y aller dans ce cadre là.

Vous allez faire votre deuxième BetiZFest. Après plus de 250 dates et trois Hellfest. Comment vous sentez vous en pleine tournée nationale?
On est content parce que toute cette année on va tourner. On va partir au Canada en juin, on va faire cette fameuse tournée Warm Up du Hellfest, dix-sept dates d’affilée. Le BetizFest, ça fait partie des temps forts de la tournée. C’est un festival qu’on adore, où il y a beaucoup de monde, des super têtes d’affiche. On a hâte d’attaquer !