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DJ CAROLL

Par Guillaume A

Après deux années perturbées par la crise sanitaire, l’été 2022 a vu un retour progressif à la normale côtés festivals, fêtes locales, événements culturels. Bien que la situation reste fragile, nos artistes locaux se réjouissent forcément de cette reprise d’activités. Il y en a une qu’on a pu voir très active cet été. Elle fête ses 20ans de djing et d’activisme groovy, elle a sillonné la France pour diffuser ses sets disco/funk/soul/afro/tropical/boogie/hip hop…

Rencontre avec Dj Caroll, hyperactiviste et infatigable diffuseuse de musique ensoleillée, militante et indéniablement groovante.

Salut Caroll, merci de nous accorder cette interview pour illicomag.fr, version en ligne d’ILLICO! le magazine musical gratuit des Haut-de-France et de Belgique. Alors ? cet été ? peux-tu nous raconter comment ça s’est passé ? On t’a vu annoncée de Lille au Sud-ouest, d’Armentières au Gard en passant par Paris, tu as croisé la route de Fred Wesley à Sète, tu n’as pas chômé dis donc !
C’était un été de reports de dates-mix qui n’ont pas pu se faire en 2021 ou 2019, mais aussi de nouvelles invitations à venir « ambiancer » ! Sortir hors du territoire Hauts de France, rencontrer des nouveaux publics, se confronter à des moods et events complètements différents des uns des autres, c’est enrichissant ! Le contexte festival offre la possibilité de rencontrer d’autres artistes, musiciens ou des djs, d’échanger sur les musiques, de tisser des liens. Parfois vous avez la chance de croiser les artistes dont les photos et la musique illuminaient votre chambre d’ado et ça c’est génial !

Les artistes et les festivals ont souffert de la période covid. Cet été 2022, c’était comme une renaissance fusionnelle. Nous sommes tous sortis à nouveau pour faire « la fête » ensemble !
Mixer au bout du bar, faire le warm up et l’after d’un groupe à St So ou au Grand Mix, passer par Bruxelles faire une session-live pour Kiosk Radio, partir pour Strasbourg au Festival ContreTemps, partager la scène avec les Sheitans Brother (djs Lyon), traîner mes vinyls dans le métro parisien jusqu’au Mazette et participer à la première soirée « Amour sur Seine » de la saison organisée par Radio Meuh, le lendemain sauter dans un premier train pour le Nord et m’installer au bord d’un plan d’eau ensoleillé à Armentières pour un public familial, c’est très excitant : les univers sont si différents, le lien c’est la musique, les musiques !

Dj Caroll, mais pas que. Tu portes différents projets tels que « Dumoove Dugroove », « Women Are Funky » et dernièrement « We ? Oui ! ». Peux-tu nous en dire quelques mots ?
« WE? OUI! », c’est un projet fun, un duo de passionnées. Emmanuela de Luca (Bag of Goodies), dj « pas de la dernière pluie », diggeuse, sensible à la house soulful, au jazz, à la funk, à la soul, à l’électro et aussi au global groove, tisse des djsets vibrants et de bons « goûts ». Nos deux passions sans limite pour la musique, s’expriment différemment, se complètent. Nous nous connaissons depuis plus de dix ans, nous avons des chemins différents ; à la suite d’un premier booking au Club parisien Le Sacré au printemps dernier, nous avons eu l’idée et l’envie de continuer l’expérience de mixer ensemble.

Ce n’est pas vraiment un BtoB, mais nos univers musicaux se croisent et s’entrechoquent aussi, nous nous laissons surprendre chaque fois par le bac de vinyles de l’autre, et hop ! l’alchimie fonctionne ! Et puis faire un set au Disco Bar du Sacré de 0h à 6h, c’est plus énergisant à deux ! A chaque fois c’est plus de 150 vinyles qui prennent « l’air » et galopent sur les turntables !

Question qui intéressera notamment les DJ, comment prépares-tu tes sélections? On sait que tu possèdes un fond de bac énorme aux influences multiples, mais tu ne peux tout emporter à chaque fois. Tu choisis en fonction de ton humeur, des dernières sorties que tu souhaites diffuser…?
J’ai toujours un fil conducteur lorsque je prépare les bacs et la set liste, il y a des dernières trouvailles qui rivalisent avec les grooves des 70’s, et aussi quelques tracks fédératrices, et puis les électrons libres, les morceaux auxquels on ne s’attend pas…

«  Je trouve que la scène globale groove émergente est très riche, c’est un vent très créatif qui est en train de souffler depuis ces six dernières années ! »

Sélection 100% vinyles semble-t-il. On va en profiter pour mettre un peu la lumière sur ceux sans qui tout ça ne serait pas possible, les disquaires. Comment t’approvisionnes-tu ? quels sont tes dealeurs de pépites ?
Pas de provenance particulière… ça va du disquaire au passage chez un dealer de disques, aux grosses conventions de disques internationales ou à la brocante du coin de la rue… 

Un avis sur la scène funk/disco/soul/afro/etc actuelle ? (La soul façon Daptone Records, le jazz londonien, la funk US…)
Difficile de « s’attaquer » à la soul ou au funk avec un angle de vue différent de ce que les artistes précédents, les « divas » et les « boss », ont fait. Les bons projets résistent, mais les programmateurs sont de moins en moins motivés sur ces types de sonorités, il suffit de jeter un oeil sur les lineup des festivals. Je trouve que la scène globale groove émergente est très riche, c’est un vent très créatif qui est en train de souffler depuis ces six dernières années ! Des jeunes musiciens ou djettes, djs africains balancent des choses très interpellantes. La même mouvance se passe côté Amérique de sud, les codes se cassent, se distordent, c’est le reflet d’une époque, j’appellerai ça « la troubleance créative ». La musique, (les musiques), ce liant universel qui nous relie tous, et qui est politique.

As-tu des conseils de concerts à ne pas rater ces prochains mois ?
Pour ceux qui auraient raté ou jamais vécu un concert des sud africains de Joanesbourg, courrez écouter BCUC si le groupe passe non loin de chez vous ! C’est le choc !

Où aura-t-on la chance de te voir jouer prochainement ?
Le 30 octobre au Bar Gallia à Pantin / le 8 octobre pour l’anniversaire de La Canopéee à Lille et en compagnie de Phil de Radio Meuh ! / le 4 novembre au Couleur Café à Arras pour la fameuse soirée « OFF de l’Arras Film Festival » avec un mix total musiques de film à danser ! D’autres dates (parisiennes ou autres) sont « sur le chemin » et restent à confirmer, je vous invite à consulter la page FB Dumoove Dugroove qui fait une sélection chaque vendredi des « Bons plans sorties et concerts du week-end dans les bons spots de la planètes ! »

Pour finir, prenons un peu de hauteur avec un dernier sujet sérieux et essentiel. On connait notamment ton engagement féministe, où se situe le combat aujourd’hui ? Quels messages souhaites-tu passer ? Comment comptes-tu y œuvrer ?
Informer, éduquer, ce sont les deux pivots essentiels pour que chacune et chacun prenne son « meilleur » chemin de vie. J’aime pas trop le mot « combat », mais la route pour le genre féminin est encore trop longue au 21ème siècle, les régressions se manifestent et prennent place dans certains pays, je dirai plutôt : « Continuons la vigilance, manifestons au quotidien ». Développer l’envie et la force de prendre en main son destin en tant que femme libre et aussi qu’homme libre, c’est ce qu’une société « civilisé » peut offrir de mieux. Encourager, mettre en lumière les artistes au féminin, c’est avec le concept de partage que le mouvement « Women Are Funky » essaie de mettre en place lors d’events à géométrie variable (dj set, concerts, expos…)

Merci Caroll et à très vite !