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photo © Zoe Joubert

FILS CARA

Par NadiaKoulla

Il s’appelle FILS CARA et posera son flow à La Bulle Café, son deuxième passage dans les Hauts-de-France après celui au Métaphone de Oignies où « c’était excellent, ça ressemblait comme deux gouttes d’eau à chez moi, le bassin minier ».

Jouer par chez nous c’est presque jouer par chez lui, il y retrouve une atmosphère familière, un climat amical comme lors de notre rencontre ce soir, précisément à 18h02 au sortir d’une partie de basket-ball ce lundi 21 mars; Marc aka FILS CARA se présente à ILLICO! « Je suis juste un gars de Saint-Etienne », dit-il, bien qu’il soit aussi auteur, compositeur, interprète, arrangeur et même basketteur! Aussi ok pour dire avec humilité « Je suis un artiste en fait, j’essaye de changer le monde (rires), j’ai envie d’ouvrir les imaginaires, que les gens se libèrent des symboles aliénants, c’est pas un truc de gourou, mais comme je partage des séquences et que mon écriture est imagée, à un moment donné ça peut faire gamberger, naître des envies, se poser des questions, c’est le principe même de la vie, regarder l’autre dans les yeux ».

Fier de ses origines ouvrières d’où ses écrits puisent une solide matière à raconter, il précise que « cette tournée Hurricane c’est pour dire adieu au projet précédent, c’est des chansons qui parlent de la transition entre Saint-Étienne et Paris et qui sont assez éclairantes sur mon passé ouvrier, à l’usine avec mon petit frère Francis ». Il nous livre alors ses aspirations à poursuivre hors de la mine, là où il vit aujourd’hui, en banlieue de Paris pour faire ce qu’il aime, écrire et créer comme ça lui chante et composer pour d’autres parce que « le collectif c’est important », comme avec Enchantée Julia, l’Impératrice, Tal ou encore Pauline Croze, rencontrée aux Francofolies 2020, à qui il a offert une chanson et qui lui a dans la foulée proposé d’harmoniser son dernier album Après Les Heures Grises… « Avec Pauline Croze, c’était évident, Enchantée Julia est une très bonne amie et L’Impératrice est un groupe international, c’est important pour moi de voir que mes chansons voyagent ». Autant de liaisons créatives qui se choisissent « sans s’arrêter jusqu’au soleil ». Sans peur des mots, il avoue « Je me suis dis je vais devenir la plus grande pop star de ce monde et je ne m’arrêterai pas, je me sens bien avec ça, j’ai des choses à dire, je m’amuse » ; « on dit parfois que je suis comme un pauvre touché par la grâce mais j’y crois pas trop, non, j’ai eu énormément de chance ».

Changer de voie, tracer sa route, c’est pas qu’une chance ni grâce divine, c’est un vrai choix « J’étais déterminé, quand j’étais encore à l’usine avec Francis, j’ai sorti comme ça un morceau du disque VOLUME sur Internet et un label m’a repéré, il trouvait que j’avais une belle énergie et depuis je ne l’ai pas lâché! J’observais quand j’écrivais des textes que ça allait mieux, je pouvais mieux répondre quand on me posait des questions et puis ça ordonnait ma pensée. J’avais le choix des mots et des idées, dire tout et son contraire et après comparer et voir ce que je pensais. Mon choix c’est faire ça toute ma vie ». Quelle ambition ! Oui on peut dire ça comme ça, n’ayons pas peur des mots ni de la révolution du regard « j’essaie de vivre en poésie, de maximiser (ça fait très management comme mot je sais) mon rapport à l’environnement, rendre les choses fluides, tenter de faire un peu d’alchimie, transformer les choses dark, être avec les autres comme si je pouvais les toucher réellement, transformer haine et colère en quelque chose de puissant et de formel, transformer le fond en forme. Mes textes sont profondément joyeux (rires), ça raconte parfois des moments un peu sombre ou des nuits agitées ou le fait que je me sente un peu perdu. Je m’amuse à écrire, la forme, les rimes, l’acte d’écrire et composer c’est très joyeux pour moi, si je suis triste je peux pas écrire. »

L’imaginaire décrit par FILS CARA est un message de fond qui gît de son réel et se forme au fil des sons. C’est une tempête d’Amour ce gars. N’ayons pas peur des mots ! Un amour de la révolution, un regard neuf, profond, qui voit en chaque vivant dignité, respect et autonomie sans faux semblants. « Mon disque s’appelle Fictions au pluriel, j’ai l’imagination mais un peu de mal à faire du travail d’invention quand il s’agit de mes textes. Je parle de ce que je connais et suis très lié au monde dans lequel je suis, j’ai un rapport à l’écriture très premier degré ». C’est pas pour rien qu’il a été repéré par le label indépendant microqlima, dénicheur de graines à germer pour le bien de l’environnement. Ce qui sonne plutôt juste quand on aime la culture éphémère ou qui dure. Et telle une musique qui s’écrit de l’intérieur, le flow de FILS CARA est cri de poésie imaginé sans leurre…

« j’ai hâte de capter les gens de Lille et de faire un concert chez vous à La Bulle Café ! Sur scène, j’ai l’impression de pouvoir faire ce que je veux et c’est l’endroit où on va m’écouter, j’ai pas envie de fabriquer un spectacle mais vraiment de m’adresser, communiquer avec des gens, ça créé un dialogue, je les écoute sans qu’ils ne parlent, une expérience collective, intersubjective et c’est beau ! »

Merci pour cette intense conversation toute en zigzag et à jeudi mec !