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photos © Anastasia Adjovi Salomé

PLDG

Par Guillaume A

PLDG est le fruit d’une belle rencontre entre deux activistes de la scène hip-hop locale : Mystraw (Beatboxer/Beatmaker) et Al20 (chanteur/rappeur/Beatmaker). A l’occasion de la sortie d’un EP intitulé Breaking Barriers, Vol.1, le duo lillois, fer de lance du «French Urban Bantu Groove», nous accorde une interview et nous donne l’occasion de mieux appréhender leur univers.

Salut les gars et merci d’avoir accepté cette interview. Pour commencer, d’où vient PLDG ? Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de vos influences ?
Mystraw : PLDG veut dire Pour L’amour Du Groove ! On a trouvé ce nom suite à notre 1ere chanson que l’on a faite de manière spontanée un samedi après-midi de 2016 car on trouvait que ça nous résumait bien. Mon parcours musical, je l’ai commencé en tant que human beatbox. En 2008 j’ai commencé à faire mes premières compétitions, à rentrer dans la grande famille beatbox. J’ai été top 8 2014 et plus récemment top 16 2017 national. J’ai commencé à animer des ateliers de human beatbox en 2011 et je continue à en animer. J’ai fait plusieurs scènes grâce à la compagnie art-track depuis 2013 notamment le hip hop games concept (battle de danse hip-hop basé sur l’improvisation). J’ai sorti plusieurs projets beatmaking, un en 2013 rendant hommage à l’éthiojazz, et un autre en hommage à la scène féminine lilloise en 2019 dont trois autres EP sont à venir. Je suis avant tout un amateur et un curieux de musique.

Al20 : De mon côté j’ai fait mes débuts sur scène avec le groupe Feini-X crew vers 2006. On a sorti plusieurs projets des mixtapes, deux albums, on a sillonné la France et on a de l’actu pour bientôt cette année. J’ai aussi des affinités avec la soul, j’ai d’ailleurs sorti deux projets sous le pseudo «Mister Alv’» en 2013 et 2014. Mon identité musicale est fortement marquée par ces expériences, je suis rap français, rap américain et Soul music, musiques congolaises dans mes influences.

Qu’est-ce que le «French Urban Bantu Groove» ?
Mystraw : Le French Urban Bantu Groove, c’est un style de musique que l’on veut démocratiser, faisant référence au pays où l’on a grandi, la France, au contexte qui est assez urbain, à nos origines qui sont africaines et plus précisément Bantoues et au groove qui fait référence à la culture afro-américaine dans laquelle nous avons beaucoup baigné étant enfant et qui continue à nos inspirer encore actuellement… C’est ce mix de diverses influences qui forment la couleur de notre musique.

Al20 : tout est dit !

Vous sortez aujourd’hui un EP Beaking Barriers, Vol.1 et vous le présentez comme un nouveau chapitre. Il est évident qu’il en appellera d’autres mais arrêtons-nous un instant sur celui-là. Il s’agit d’abord d’un travail collectif. Parlez-nous de votre démarche ?
Mystraw : d’abord, en 2017, nous avons sorti un premier opus, confectionné en deux semaines lors de l’été 2016 suite à l’engouement sur le net qu’a eu notre chanson «Pour L’amour Du Groove». On voulait avant tout s’amuser, concrétiser notre rencontre musicale qui avait eu lieu six ans plus tôt et explorer différents styles en gardant une touche commune : le groove. On a privilégié le travail maison : mix, master, enregistrement, ce qui a donné un premier projet un peu fourre-tout, mais dont je suis satisfait. On a pu défendre ce projet sur scène et on a essayé de transposer l’originalité de notre démarche artistique (j’entends par là, poser du rap du chant, des instruments sur du beatbox etc..) en live et ça nous a fait faire de belles scènes, notamment à Seattle, New-York, au New Morning de Paris, au Métaphone en première partie de Patrice, au Zénith de Lille (lors du Lille Battle pro), à Bruxelles…. En 2018, nous avons décidé de concevoir un deuxième projet, plus court qui serait dans la même démarche que le premier au niveau éclectisme, mais plus efficace et un peu mieux produit, pour que le public parvienne à mieux nous cerner. J’aime dire que ce projet est le grand frère du premier, en moins turbulent.

Al20 : Oui, nous avons tenté de délivrer des morceaux plus aboutis et plus identifiables pour que les personnes qui nous écoutent puissent penser à PLDG et se rappeler des titres qui les ont marqués. Dans les retours que l’on reçoit, il y a des titres qui reviennent souvent, on sent que le public accroche plus aux chansons.

Une intro drôle et originale, quatre titres vraiment variés. La diversité est l’un des marqueurs de PLDG ?
Tout à fait, nous avons fait de cette caractéristique une marque de fabrique. Nous sommes animés par plusieurs styles de musiques, de la soul, néo-soul, en passant par la musique électro, au jazz, à la trap, etc.. On essaie de faire voyager notre musique à travers tout ça.

Comment construisez-vous les morceaux ? D’où viennent les mélodies ? dans quelles circonstances écrivez-vous ?
Mystraw : Pour le premier EP, j’ai donné des breaks beatbox et Al20 s’était amusé à broder des mélodies autour et moi à donner mes inspirations. Pour ce deuxième EP, la manière de travailler a été un peu différente. On essaie de travailler en équipe de manière complémentaire, l’un d’entre nous a une idée de base et l’autre va l’agrémenter de ses idées. On est ultra à l’écoute et on n’hésite pas à dire si quelque chose nous déplaît. Au final, cette recette crée un mix qui est un peu à notre image. En ce qui concerne l’aspect mélodique, Alvin va plus souvent s’en charger, moi je vais plus m’occuper de l’aspect rythmique.

Al20 : Pour les mélodies ça peut me venir comme ça de nulle part, ou alors je peux être inspiré par des ambiances sonores qui m’ont parlé avant. Quand j’écris les textes il y a toujours un élément déclencheur, ça vient dans les moments inattendus, je suis perdu dans mes pensées et soudain une pensée est plus marquante que le reste et ça peut m’inspirer.

Vous partagez des origines congolaises et avec le titre «Eeyowa» vous rendez un bel hommage à vos racines. D’où vient ce morceau ?
Al20 : Dans ce morceau je voulais parler de mes origines, en faisant référence à la langue de mes parents que je ne maitrise pas mais dont la musicalité m’a marqué toute ma vie. J’ai voulu retranscrire la musicalité spécifique à cette langue, le tshiluba, dans le flow et le rythme. A la fin j’ai repris une chanson traditionnelle que ma mère et ma grand-mère chantaient souvent et que j’entendais dans certaines fêtes.

On vous suit depuis un moment et on constate que PLDG n’hésite pas à se produire sur des scènes très différentes : on vous a vu au Grand Mix, vous vous êtes produits au Zénith, au New Morning, et en même temps, vous partagez votre musique dans les écoles, les bars, en prison, etc… C’est une manière de garder contact avec la réalité ou juste la soif de vous produire là où on vous le demande ?
Mystraw : c’est un peu des deux, nous sommes une formule très flexible, pour créer quelque chose scéniquement, à l’origine, on a juste eu besoin de deux micros donc on a souvent été sollicités dans toutes sortes d’endroits !

L’été dernier, vous êtes allés bosser votre musique à New York. Pouvez-vous nous dire deux mots de cette expérience ? comment vous a-t-elle fait évoluer ? qu’en gardez-vous ?
Mystraw : c’était ma première expérience dans cette ville, et je n’ai pas été déçu du tout, tout à l’air d’aller tellement plus vite, les gens sont très ouverts d’esprit et on a joué dans un lieu rempli d’Histoire, lieu où Duke Ellington, Thelonious Monk et consorts ont joué, ce fut un vrai privilège… Ça m’a ouvert les yeux et aussi ça m’a ouvert certaines perspectives sur le projet PLDG, d’où notre envie de cibler aussi «l’international».

Al20 : c’était ma troisième fois là-bas. J’ai eu l’occasion plusieurs fois de monter sur scène, d’être à des soirées et la manière dont les gens reçoivent et écoutent la musique là-bas, je me suis retrouvé dedans. On se rend compte qu’on n’a pas vécu en Amérique mais que leur culture nous a influencé très largement. A chaque voyage j’apprends beaucoup.

Vous avez réalisé ce clip «Break» sur place. Qui avez-vous choisi pour vous entourer dans cette aventure ?
Mystraw : aussi surprenant que ça puisse paraître, le clip a été tourné de manière spontanée. Nous nous promenions sur le pont de Brooklyn comme des touristes à quatre : Alv’, Natanjo (frère d’Al20, chanteur de talent, n’hésitez pas à aller le suivre sur les réseaux) et Big Sof (danseur de renom, fait partie des casseurs popeurs et du duo SOFAZ) et Natanjo a eu l’idée de nous filmer avec le portable de Sofiane en plan séquence, il nous a fallu deux prises et le tour était joué !

Al20 : C’était un moment magique, ça restera gravé !

La scène musicale régionale est très riche et variée. Y a-t-il des artistes avec qui vous aimeriez travailler ?
Mystraw : Oui ! Carrément et je suis très fan de ce dynamisme. Quand j’étais au collège/lycée, les grands comme la Jonction, Pépite, RAF , Kod Phantom etc.. me fascinaient car ils osaient, et là notre génération est en train d’écrire à son tour sa petite histoire régionale… Il est nécessaire de mettre la scène lilloise sur la carte, c’est primordial ! On a notre petit crew informel : nous sommes très proches de James IzCray, Forbon, Lexie (qui dans l’ouest de la France désormais), Lexa Large, Maximien Aldebert, Selektaa depuis peu, Dréo, La scène soul (Cécile Cuvelier, Sabrina Belmo), la scène jazz lilloise aussi (Ninon, Louis Thomas, Amédée Flament) …

Pour terminer, on vous propose de nous partager chacun l’expression artistique de votre choix
Al20 : Stevie Wonder One of the greatest, and he’s still alive !

Mystraw : Freddie Gibbs x Madlib Pour moi le meilleur album rap (et pas seulement rap) de l’année.

Hommage d’un grand par un grand…

Merci PLDG