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LAST NIGHT WE KILLED PINEAPPLE

Par SCOLTI

Mais qui a tué l’ananas ? Le Colonel Moutarde dans le salon ou le Révérend Olive avec le chandelier ? Peut-être un début de réponse avec les membres du groupe…

Bienvenue chez ILLICO les LAST NIGHT WE KILLED PINEAPPLE ! Première question : où avez-vous caché le corps ?
Charles : Dans nos estomacs ! On l’a mangé après !

Vous étiez bourrés « la nuit dernière » quand vous vous êtes fait l’ananas ?
Charles : Pour le coup, ouais ! Je me suis couché avec la tête qui tourne…

Prononçons l’ananasss d’ailleurs, pour éviter les confusions !
Charles : (rires) C’est vrai qu’on aurait ou douter ! La nana ou l’ananas ? (rires)

Vous vous présentez ?
Mario : Mario, batteur et chanteur, j’ai 23 ans, ça fait dix ans qu’on joue ensemble, et cinq ans que Last Night existe
Charles : Charles, guitariste, 24 ans, et j’ai rencontré Pierre au collège, et comme ils sont frères la rencontre s’est faite assez logiquement !
Pierre : Pierre, 25 ans, je suis le bassiste du groupe. Et tout a été déjà pas mal bien dit !

Et vous êtes qui en tant que groupe ?
Mario : on essaye de faire du rock psyché. Je ne sais pas si ça marche ou pas, c’est au public d’en juger.
Charles : on fait du color rock.
Mario : ouais, c’est comme ça qu’on l’appelle.

C’est à dire ?
Mario : on voit pas mal nos compositions en couleurs, on peut dire d’une compo qu’elle est orange-jaune, et on n’est pas forcément d’accord, c’est pour ça que le dernier EP s’appelle Multicolor, parce que chaque morceau représentait une couleur ou plusieurs, d’où le « color rock », on voit la musique en couleurs.

Est-ce que le nom du groupe n’induit pas une attente d’absurde et de décalé qu’il faut ensuite assumer ?
Charles : si, tout à fait. Ça se ressent dans une musique en particulier, « Ananas mort ».
Mario : ouais on a un peu forcé le trait avec cette musique. Pour le nom du groupe on a fait un cadavre exquis, parce qu’on ne savait pas comment s’appeler. Et deux, trois ans plus tard on s’est dit que c’était un peu nul, c’est long, c’est chiant, les gens n’arrivent pas à retenir, mais on s’est dit que c’était un peu tard, qu’il fallait le garder et l’assumer.
Charles : et une fois que tu l’as en tête tu le retiens bien !
Mario : mais c’est vrai qu’il y a pas mal de gens qui pourraient s’attendre à ce que ce soit du rock un peu absurde avec des textes comiques.

Et est-ce que ça ne vous empêche pas d’aller dans certaines directions ?
Mario : Y a plusieurs personnes qui se sont dit « ouais ça le fait pas quoi ». Je me suis déjà posé la question… je ne saurais pas trop quoi répondre… (à ses potes) nan pas vous du coup ? (rires)
Charles : nan jamais (rires).

Quand on privilégie les longs moments musicaux, parfois même des morceaux entiers, on cherche à provoquer quoi chez l’autre ? Une forme de transe, d’envoutement, on propose un voyage ?
Mario : c’est amener les gens à voyager. Rentrer vraiment dans la musique. Y a des moments un peu psyché, où on prend notre temps, sans texte, on laisse une part importante à la guitare, aux textures, pour laisser le temps aux gens de venir et d’être avec nous. On fait du rock assez direct en général, une musique à 170, et au bout de 2’50 min c’est fini, mais par exemple un titre comme «Trouble», qu’on a clipé, c’est un peu le morceau psyché de l’EP, dure parfois dix minutes sur scène, c’est le moment où on a envie que les gens se posent, se calent sur le petit nuage.
Charles : on nous a toujours dit que ce moment était un moment fort du set, qu’il fallait vraiment l’assumer à fond. À la base on était un groupe instru, on a ajouté de la voix assez tard, et on voit la voix comme une couche supplémentaire, comme si c’était un clavier, on reste vraiment instrumentistes.
Mario : ces derniers temps on privilégie un peu le chant en français, sur «Multicolor», et forcément quand on chante en français c’est qu’on a quelque chose à dire et on a envie que les gens l’entendent. Mais on voyait plus la voix comme un synthé au départ, d’où la grosse reverb sur la voix.

Vous avez quoi à dire ? Qu’est-ce qu’il y a à dire ?
Charles : pas grand-chose. C’est souvent des paroles qui nous ressemblent, qui ont un air de branleurs (rires).
Mario : nan mais voilà, on fait une musique, on met quatre phrases, on les trouve cool, et on les répète huit fois. Voilà. Ça marche comme ça. Et si à la fin de la composition on est satisfait on va pas chercher plus loin pour la voix, on va vraiment se concentrer sur les intrus, c’est vraiment le principal, et on fait encore des morceaux instrumentaux, et ça continuera je pense.

Quel est le groupe qui vous a le plus transporté dans ce domaine ?
Mario : Holy Wave, qui ont des phases comme ça, un groupe ricain, d’Austin je crois. C’est un rock psyché mais assez moderne. Y a des groupes des années 70 auxquels on ne peut pas vraiment s’identifier, parce qu’il y a une teinte qu’on a qu’à moitié, voire pas du tout. Mais ouais, Holy Wave on aime vraiment, tous les trois, et faire une scène avec eux serait vraiment cool.

«  On aime bien ne rien faire quand on est avec des potes, parce que le temps passe lentement quand même mais on est ensemble, c’est juste la vie est belle quoi. »

Dans le clip «Orange Boat», vous squattez, devant une église, avec une image accélérée. Comment on fait passer le temps plus vite quand on s’emmerde vraiment, sachant que fumer plein de clopes ne suffit jamais ?
Charles : faut fumer plein de joints ! (rires)
Pierre : on fait de la musique. Beaucoup, beaucoup de musique.

Quand tu fais de la musique tu ne t’ennuies pas, là je parle du moment où tu t’ennuies ?
Mario : Dans les moments d’ennui on a toujours été en gang, avec dix potes devant l’église, et le clip est donc du vécu, sauf qu’on est trois dedans. On se posait, on buvait des canettes, on fumait des clopes. On s’est juste dit « c’est nous ». C’est comme dans le clip de «Trouble», c’es vraiment une soirée random, on va à la campagne, on boit des coups. On aime bien ne rien faire quand on est avec des potes, parce que le temps passe lentement quand même mais on est ensemble, c’est juste la vie est belle quoi.

Dans la veine de l’éloge de la paresse, on peut revendiquer le droit à être un branleur ?
Charles : jusqu’à un certain âge je pense.
Mario : je pense que non, je suis pas trop dans ce mood là. Revendiquer d’être un branleur c’est un peu nul je trouve.

Ça peut se défendre ?
Mario : ouais, mais c’est un peu le truc d’apprécier « rien », l’instant où il ne se passe rien, et c’est très cool.

Orelsan est quelqu’un qui peut revendiquer ça, et ça ne l’empêche pas de réussir des choses ?
Charles : bien sûr, si ça te rend heureux.
Mario : ouais j’avais pas du tout pensé dans ce sens là.

Et jusqu’à quel point on peut en avoir rien à foutre ? C’est quoi le summum du je-m’en-foutisme ?
Charles : la limite est quand ça devient toxique pour les autres. C’est là qu’il faut s’arrêter.
Mario : t’as le droit d’en avoir rien à foutre de tout, mais normalement les potes et la famille sont des choses qui comptent, et c’est la limite.

Et à l’échelle de la société ?
Mario : nous on n’existe pas vraiment, on n’a aucune place, parce qu’on fait de la musique, tout le temps, et on a aucun statut dans la société.

C’est pas une place importante dans la société d’être musicien ?
Mario : si, mais on est des fantômes.
Charles : on n’est pas légalement reconnus.

Vous avez des influences cinématographiques ?
Charles : Tarantino pour moi.

C’est quelque chose qu’on retrouve dans le générique du clip «Trouble» justement ?
Charles : oui c’est vrai ! Et à vrai dire on n’y avait même pas pensé !
Mario : c’est dire à quel point on aime ses films, qu’on s’en soit même pas rendu compte. Pour ma part j’aime aussi les trucs mainstream, comme les Marvel…

Pour conclure, vous me parlez de vos envies et de vos projets ?
Mario : déjà, Last Night, et la musique en général, représente toute notre vie, on fait que ça, tout le temps, l’idéal serait de pouvoir en vivre décemment. Depuis qu’on a fini le lycée on ne fait que ça, et c’est pour ça qu’on a multiplié les projets, on n’a pas que ce groupe. Le prochain objectif est d’enregistrer le premier album. On est déjà en train de composer, ça va prendre du temps, et on ne se met pas la pression, parce qu’un premier album c’est symbolique. Et on aimerait enchainer sur une tournée qui ait de la gueule. Cette année on a quand même pas mal de dates, on va en faire une quinzaine en deux, trois mois et c’est vraiment très cool.
Charles : la consécration ultime serait d’aller jouer à Seattle !
Mario : l’objectif, c’est clairement de pas être dans la merde, pour pouvoir continuer à faire ce qu’on fait.

Merci les gars !
Merci Scolti