Si les concerts en salle peuvent reprendre, les protocoles restent fluctuants, les nouvelles contraintes sont encore mal définies et leurs conséquences sur la fréquentation, incertaines. Malgré les restrictions, Laurent Honel choisit de voir le verre à moitié plein puisqu’il a sifflé l’autre moitié: « On a retrouvé la scène et les gens qui vont avec et je suis content de pouvoir de nouveau râler pour cause d’emploi du temps surchargé. Et content de savoir que nous avons des projets, la possibilité de nous projeter ». Aurélien Delbecq se montre – logiquement – plus circonspect : « Les gens reviendront pour les têtes d’affiches mais je suis plus mitigé pour les lieux comme le nôtre, qui faisons du défrichage, de la découverte… on va retrouver les fidèles et il y aura peut-être au début un effet reprise avec de belles fréquentations mais j’ai peur que ça s’essouffle comme après le Bataclan ». Philippe Cherence, coordinateur SMAC de L’OUVRE-BOÎTE (Beauvais) en profite pour aborder le sujet qui fâche: « L’instauration de contrôles sanitaires à l’entrée de nos salles m’inquiète et me fait dire que le public sera peut-être « frileux » pour revenir ». Aurélien Delbecq surenchérit : « On ne vise pas un retour à la normale. On espère une reprise en pente douce vers la normale ! ». Ajoutons qu’une partie du public a comblé le vide créé par les confinements successifs en piochant dans une offre « culturelle » plus adaptée au canapé : Le streaming musical et vidéo, gratuit ou payant, en direct ou différé, a offert une alternative aux mélomanes frustrés et ouvert la voie à une autre « consommation » de la musique. Ces 18 mois auront montré que l’on pouvait vivre sans concerts. Douloureusement pour certains, plus douillettement pour d’autres. Ecrans contre scènes. Souvent avec le concours des artistes eux-mêmes, contraints d’échanger de leur temps contre quelques piécettes. Ainsi a-t-on vu se multiplier les concerts au balcon, distrayants d’abord puis rapidement éreintants. D’autres, tel Duportal, ont mis à profit cette oisiveté contrainte pour, paradoxalement, ne pas chômer et se réinventer : « Je n’en veux à personne, cette situation inédite m’a forcé à sortir de ma zone de confort. Nous avons composé ce qui allait devenir Lowland Brothers et je ne peux que remercier la musique assistée par ordinateur ! »