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LUJIPEKA

Par Scolti

Salut LUJIPEKA, bienvenue chez ILLICO! On commence par quoi ?

La nomination aux Victoires de la Musique par exemple ? Qu’est-ce que tu peux en dire ?
C’est une bonne nouvelle pour nous, ça fait archi plaisir d’être nommé, et j’ai hâte que ça arrive parce qu’on est en train de préparer une belle performance live qui, j’espère, va bien se dérouler. Je suis content, je le vois comme une forme de validation du milieu pro de la musique.

Ça représente quoi pour toi ?
Ouais, parce que c’est quand même plus axé pro, mais je le prends avec du recul aussi, je me vois pas comme « la » révélation de l’année ou un truc comme ça, mais ça va être une étape importante pour nous donc c’est cool !

Et une fois nominé, on se prend au jeu et on finit par espérer gagner, et donc on entre potentiellement dans une logique de déception possible alors qu’on n’avait rien demandé à personne ?
Non… comme je te disais, mon goal sur ça c’est plus de faire un beau live, de bien défendre ma musique. C’est vraiment plus la partie musicale qui va me parler, après gagner serait tant mieux… Les victoires c’est très perso, c’est pas forcément quelque chose dont les gens se souviennent, qu’on gagne ou qu’on perde. C’est plus la suite de l’aventure qui va compter.

Ouais, ça permet de bénéficier d’une bonne visibilité avant tout…
Ouais voilà c’est ça, c’est une façon originale de mettre en avant la musique. Ça me fait archi plaisir d’y être et on va tout donner pour faire les choses bien, et si je perds, franchement je m’en fous.

C’est une bonne chose que ce genre de cérémonie fasse du rap une musique assimilée, en intégrant toutes sortes d’artistes au sein d’une même catégorie, ou est-ce que ça sert d’écran pour ne jamais mettre cette musique sur le devant de la scène alors qu’elle est la plus écoutée ?
Y a clairement des gros noms qui sont les éternels absents de cette cérémonie, le public visé des Victoires est pas archi représentatif des auditeurs de musique en France peut-être, parce que si ça l’était y aurait plus de rap. Là, y a toujours des noms qui manquent.

« J’essaye de creuser un sillon un peu différent dans ma musique, tu vois, sans forcer la différence, mais je sais que je suis sur un canal qui n’est pas creusé par plein de gens »

Ça reste un problème ? Parce que SCH avait souligné ça l’an dernier.
En vrai ouais, mais c’est aussi une émission qui représente quelque chose d’un peu daté, qui existe depuis longtemps. Les gens de la nouvelle génération ne vont pas voir ma nomination comme un goal, l’annonce des nominations n’a pas particulièrement fait de bruit ou créé de débat comme chaque année. C’est comme ça, c’est pas grave, ça permet aux gens qui y vont de défendre leur musique. Évidemment y a des gens qu’on aurait bien vus, mais le fait qu’ils n’y soient pas ne veut pas dire qu’ils ne sont pas « album de l’année » ou « artiste de l’année ».

Mais si le public rap s’est éloigné de cette cérémonie, est-ce que c’est pas justement dû au fait que cette musique n’a jamais été réellement mise en avant, ou alors qu’elle a été fondue dans d’autres catégories ? Là t’es nominé comme « révélation masculine » aux côtés de Pierre de Maere par exemple, et c’est très éloigné en terme d’univers ?
Y a aussi Tiakola, qui propose encore autre chose… Après je pense aussi que c’est une émission de télé, et les jeunes regardent moins la télé. Là il faut qu’ils plaisent à un public plus habitué à ce genre de format. Je pense que ça se fait plus naturellement que par boycottage, les jeunes regardent tout simplement moins les victoires qu’à une certaine époque, et la musique qu’ils écoutent peut être injustement représentée mais ça n’a pas d’impact sur les carrières des gens en fait.

T’as un titre qui s’appelle «Pas À Ma place». Ce qui m’intéresse ici, c’est de savoir si tu l’as trouvée, dans le rap game, sous réserve que tu la cherches, évidemment. Est-ce que c’est l’une de tes préoccupations ?
Pas vraiment. Au contraire, c’est le côté « éternellement pas à ma place ». J’essaye de creuser un sillon un peu différent dans ma musique, tu vois, sans forcer la différence, mais je sais que je suis sur un canal qui n’est pas creusé par plein de gens. Après je ne cours pas après une validation de telle ou telle personne, juste je fais mon truc et je me rends compte qu’on arrive à aller de plus en plus haut, donc je me dis qu’on commence à être bien, mais je cherche pas une place précise.

Ton regard est plus porté vers le public que vers le rap game ?
Ouais, voilà.

Selon moi, le rap c’est une technique doublée d’une âme. T’en penses quoi ?
Je sais pas, je trouve ça un peu pompeux.

(rires) on est d’accord, vas-y dis ?
Non, cette phrase ne me parle pas…

La nonchalance que tu renvoies, c’est dans le personnage ou c’est ton côté ado qui peine à s’effacer ?
Je sais pas… je suis comme je suis, c’est pas calculé, si je suis nonchalant c’est parce que je l’ai toujours été je crois, et je me vois pas non plus comme un éternel ado. Quand tu grandis dans la musique, par la force des choses t’es dans un autre rythme de vie.

Y a pas un côté « footballeur en centre de formation » quand on a du succès jeune ? On réussit dans ce qu’on fait, mais on passe à côté d’autres choses ? Ce qui fait rester dans un certain état quelque part, parce que t’as pas eu le temps d’être confronté à une vie « normale ».
C’est ça, tu peux être dans une bulle et du coup être déconnecté de la vie réelle ou de la vie des potes d’enfance. Moi, ça m’apporte des belles expériences donc j’ai pas de regrets, peut-être que plus tard je me dirai « je suis passé à côté de ça ou ça », mais après je pense que c’est un équilibre qu’il faut apprendre à avoir au bout d’un moment. Au début tu peux être un peu dans l’euphorie, mais un moment il faut réussir à se rattacher à des choses plus simples de la vie, et séparer les moments de tournée et de shots d’adrénaline d’avec des moments plus simples et plus normaux, être avec ses proches, ses amis… Mais avec le temps j’arrive grave à faire la part des choses.

« Ma musique peut être mélancolique mais j’y mets toujours de l’espoir, c’est plus ça le message. »

Tu dégages quelque chose de plutôt optimiste quand on te voit, tout en ayant écrit « Putain d’époque », ou d’autres textes plus mélancoliques et tristes. Tu te situes où dans ce paradoxe ?
Ma musique peut être mélancolique mais j’y mets toujours de l’espoir, c’est plus ça le message. C’est jamais nihiliste, mais je pense que les sentiments plus mélancoliques sont plus inspirants, c’est plus simple d’avoir envie d’écrire quand t’es dans ce genre de phases, mais de là à le porter tous les jours 24h/24 c’est pas ma philosophie. Sur scène même un morceau triste peut avoir une énergie positive, parce qu’on est content d’être là, parce que les gens chantent avec nous, donc y a toujours une différence entre le moment où t’écris et le moment où le morceau va vivre. C’est vrai que je peux avoir cette vibe là, mais c’est plus aussi parce que je trouve que c’est plus difficile de faire de la musique « positive » qui soit pas un peu cliché, un peu trop gentille. C’est comme ça que ça se fait c’est tout, c’est ni pour forcer le côté triste ni pour tomber dans quelque chose de trop niais.

Tu ne cherches pas à renvoyer une image globalement optimiste ou pessimiste ?
En vrai je fais mon album, et on voit après un peu ce qu’il raconte, y a pas de volonté de renvoyer telle ou telle image, plus les choses se font naturellement mieux la musique est.

Parle-moi des revers du succès. Y a de quoi s’en plaindre, comme on l’entend souvent ?
Nan. Faut savoir mettre du discernement et ne pas se laisser avoir par tout ça. J’ai la chance d’avoir commencé en équipe, on pouvait se protéger les uns les autres, comme une école de formation, avec le groupe Columbine. On faisait des grandes salles, et à côté on avait une vie très simple à Rennes, à la cool, et c’est vraiment la philosophie que j’ai gardée. Je me fais pas dépasser pour le moment, je ne vais pas aller dans le sens de parler de mauvaise expérience, parce qu’au contraire je fais en sorte de garder le positif, et voilà, à la base je kiffe juste faire de la musique et je suis content de pouvoir en faire mon métier. Y a pas vraiment de revers de médaille. Tu passes à côté de choses de la vie, mais y a des moments de pause pendant lesquels tu peux rattraper tout ça

On doit s’attendre à quoi te concernant ? Qu’est-ce qui arrive ou se prépare ?
Le 3 février il y a la ré-édition, puis la tournée tout le mois de mars, le zénith de Paris le 31 mars, beaucoup de concerts, de la nouvelle musique, et on va bientôt annoncer les festivals, et de la nouvelle musique encore.

Merci beaucoup LUJIPEKA !

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