On pourra s’étonner qu’un mécréant dans mon genre, qui plus est habituellement spécialisé dans le jazz et les musiques improvisées, puisse choisir comme cd de l’année un enregistrement de musique baroque et religieuse.
C’est que cette version des Motets de Bach, largement saluée par la presse spécialisée, le mérite amplement. Ces motets étaient généralement associés à des cérémonies funéraires, mais il y a dans le travail de RAPHAËL PICHON et de ses interprètes une précision et une joie rarement entendues et parfaitement rendues par la clarté de l’enregistrement, qui transcendent aisément l’objectif premier du matériau. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un œil et une oreille sur YouTube au teaser « J.S. Bach, Motets/ Raphaël Pichon ». Chaque détail compte. On trouvera ici les motets BWV 225 à 230 alternés avec trois autres chants d’église à plusieurs voix, tirés du Florigelium Portense que connaissait bien JSB. Dans le livret, RAPHAËL PICHON explique : « Un souffle, une liberté, une exubérance, portent Jean-Sébastien Bach vers des sommets jamais atteints par la réunion des voix ». Et aussi : « Bach fait jaillir de cette forme ancestrale une énergie et une profondeur d’expression qui visent à nous transfigurer ». Raphaël dit également : « Pour arriver à ses fins, Bach a compris mieux que tout autre notre besoin de ressentir. C’est-à-dire d’imprimer sur nous une émotion qui soit à la fois intellectuelle, sensible mais aussi et avant tout physiologique, que ce soit par le simple mouvement d’un pied qui se pose sur le temps ou d’un vertige qui ici nous saisira entièrement et nous entraînera dans de tourbillonnantes chorégraphies. La danse est au cœur du langage de Bach : elle irrigue sa pensée musicale et l’organise. Une fusion de la musique et de la danse, pour une fusion du corps et de l’esprit ». Traversé de polyrythmies vocales époustouflantes et de recueillements inspirés et inspirants, ce cd de l’ensemble PYGMALION dirigé par RAPHAËL PICHON est absolument jubilatoire.