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BLY

Par VANDAL

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans… Je me souviens avoir vu BLY à l ‘Aéronef en 2001 (Marcel voit rouge), puis ailleurs, mais je ne sais plus où. J’avais alors pris une claque ! Mais, comme tout bon amateur de bonne musique, j’ai tendu l’autre joue…

Il faut dire aussi qu’ILLICO ! (PRESTO ! à cette époque) a connu une idylle avec ce groupe (pour preuve les articles parus en 97, 98 ou 2001 dans le magazine). N’en déplaise aux jeunes qui n’ont pas connu ce groupe, ou aux plus âgés qui n’ont pas eu la chance de les voir sur scène, BLY se reforme pour un one shot dans l’une de leurs salles préférées qu’est l’Aéronef, ce 18 juin. Rencontre avec Mike, fondateur et chanteur :

Qui est BLY ?
Bly est le nom du méchant dans le film Les Révoltés Du Bounty,. Le capitaine qui subit la révolte. Mais ça s’écrit Blight. On a raccourci parce qu’à l ‘époque on était fans de groupes anglais qui avaient tous des petits noms (Pulp, Ride…). On voulait un nom très court pour que ce soit écrit très gros sur les affiches. Plus gros que les autres, plus gros que les Rolling Stones. C’est la genèse du nom BLY. Et puis on aimait le côté révolté, aventures, c’était tout à fait nous à l’époque.

Ça sonne anglais d’ailleurs BLY! Tu parles de références anglaises…
Oui, uniquement des références anglaises. On n’a rien à voir avec Pulp, musicalement. Mais on aimait bien cette scène. On était plus proche, même si musicalement ça ne s’entendait pas, des Happy Mondays, des Stone Roses… ça s’était vraiment notre kiff.

Les débuts, Stroke of Luck en 97. Comment ça s’est passé ?
On vient du Pas-De-Calais (Courrières, Harnes, Hénin Beaumont, Lens). David (le batteur) et moi, on jouait dans un groupe qui s’appelait Kagemusha, un groupe très pop pour l’époque. Hervé (guitariste) et Nico (bassiste) jouaient dans un autre groupe : Iradélice. Les deux groupes ont eu leur petit moment de gloire localement. On est devenu potes puisqu’on se croisait dans les mêmes bistrots. On s’est dit un jour de concert, à l’ancienne Aéronef rue Colson, qu’on essaierait bien de faire un truc ensemble. Juste avant un été, on a eu la possibilité de faire une tournée des Mairies communistes du Pas-De-Calais (NDLA : Mike et moi pensons nous souvenir de l’Association Droit de Cité). Le problème c’est que dans chacun de nos deux groupes, certains ne pouvaient pas le faire. C’est là qu’on s’est dit « on va l’faire », on va regrouper les deux en un, juste pour l’été. On a fait quelques répét’. C’était en 93-94 je pense, peut-être un an ou deux avant le premier EP Winch Electric Pop. Je n’ai pas la mémoire des dates, j’ai arrêté de compter à mon âge ! On a fait cet été là, on a beaucoup picolé (NDLA : l’abus d’alcool est dangereux…), on a bien rigolé (NDLA : l’abus de rire tue l’ennui). On a joué avec Gilbert Montagné, la Compagnie Créole, ça n’avait rien à voir mais on s’est bien marré. Et après ça, on a fait BLY. Ensuite on a gagné un tremplin avec l’Aéronef. Ils nous ont sorti le premier EP. On a continué à composer, on a fait des concerts. On avait de quoi faire un album, on avait envie de faire un album ! C’est lors d’un concert à l’UBU de Rennes, en première partie de DEUS, que le mec des Transmusicales vient nous voir et dit « vous, je ne vous lâche plus ». Il a donné deux coups de fil. Le lendemain on était mis en contact avec le management de Noir Désir. L’ingé-son de l’UBU nous a proposé de venir enregistrer l’album. On a d’abord enregistré des démos à la Grosse Rose, chez Noir Désir. Et puis, ces démos sont arrivées chez Barclay. Ils avaient envie d’un nouveau Noir Désir. Ils nous ont demandé de faire des trucs en français. On était jeunes et fous à l’époque, ça nous a titillé. On a mis ça de côté. On a enregistré Stroke Of Luck à la Grosse Rose avec Fred Vidalenc (NDLA : premier bassiste de Noir Désir) en tant que producteur artistique et Dominique Brusson, l’ingé-son de l’UBU de l’époque. Et ce n’est donc pas sorti chez Barclay parce qu’il n’y avait pas assez de morceaux en français. Ça s’est retrouvé sur le label Musidisc. Un mois et demi après qu’on ait signé chez eux, ils ont été rachetés par Universal, et on est partis. Du coup ils ont détruit les disques !

Après le deuxième album Popcleaners, il y a eu la rupture. Qu’avez-vous fait tout ce temps ?
La rupture, c’est en 2002 je crois. On aurait dû inviter Fred, les dates il les connaît par cœur. On a essayé de faire un ou deux groupes sur Lille avec Nico. Et puis, c’est resté des groupes lillois. On a commencé à grandir, vieillir, donc avoir des besoins différents. Quand t’as vingt ans, le seul truc qui t’intéresse c’est d’aller au bistrot avec les copains. Nico a continué à faire de la musique, mais il n’y avait plus ce « truc » à quatre. On était quand même une furieuse bande de potes ! Je suis resté proche de Nico et Fred (percus-samples-backing vocals-choeurs). La vie professionnelle a amené Nico et moi à fréquenter les mêmes personnes, parce qu’on travaille avec des artistes belges. On s’est donc retrouvé toutes ces années en tournée avec les mêmes artistes pratiquement. On aurait pu faire de belles choses à côté (j’ai arrêté avant d’être prof de maths, Nico avant d’être architecte), mais c’est la musique qui nous a transportés. On n’avait plus de nouvelles d’Hervé. On a pris un autre guitariste (pour préparer le retour), un pote belge qui habitait Bristol. Puis avec le covid, on a retrouvé Hervé. On est au grand complet !

Peut -on croire à un potentiel retour de BLY, un nouvel album ?
T ‘as vu nos gueules ?

T’as vu la mienne ? Je suis ton public !
Tu vas aller en concert encore pendant 10-15 ans ?

Ouais !
Parce que si on veut exister, il faut que le public existe. Mais je pense réellement qu’il y a une envie. Puisqu’avant tout on est des potes et on s’marre bien… mais on verra. Il y a toujours une pression dans la vie, mais il n’y a plus cette pression qu’on avait à l’époque puisqu’on a grandi, on a mûri, on a pris du background. Maintenant y a simplement la pression de la vie. Certains ont des enfants, certains ont des jobs classiques. Nico et moi on peut arrêter-continuer… puisqu’on est dans la musique, on fait ce qu’on veut pratiquement (NDLA : Mike est, entre-autre, le manager de BAASTA ! Groupe electro-punk arrageois). Il faut répéter, y mettre de l’énergie, pouvoir te libérer pour les concerts, c’est un investissement (physique et de temps). On verra après l’Aéronef, mais c’est notre idée, on a tous envie. Il faut qu’on en parle après coup.

Comment s ‘est passée la proposition de l’Aéronef pour cette date ?
Je me souviens d’un de nos premiers festivals, c’était le Festival du Devenir à Saint Quentin. Jean Michel Bronsin nous avait fait venir avec Zita Swoon, Deus. On s’est toujours kiffés avec lui. C’est un mec qui est dur sur l’homme, comme nous. Il est numéro un de l’Aéronef. Avant le covid, ils ont organisé les 30 ans de l’Aéronef. Jean Michel nous a appelés. Je lui ai répondu « je vais voir avec les copains ». J’ai fait un groupe facebook et y ai posé la question. Tout le monde était super excité de le faire. Mais ça n’a pas pu se faire, reporté deux fois pour covid. Quand le covid est passé j’ai rappelé Jean Michel pour lui demander si c’était toujours bon son truc ? Et voilà, on en arrive à cette date du 18 juin.

Italia 90 et Gwendolyne (qui forment l’affiche de cette date avec BLY), peux-tu nous en dire deux mots ?
Italia 90 je les ai vus en Belgique, c’est vraiment très bien. Très punk, pas des tout jeunes. Pas des vieux comme nous, mais… c’est des bons lads ! Ils sont cools !

Gwendolyne, c’est des jeunes bretons qui font un truc un peu comme Baasta !, mais plus pop, plus fun. Ils ont un gros délire, avec des paroles bien débiles. J’aime beaucoup, ils ne se prennent pas le chou. Je ne les ai pas vus en live, mais à mon avis ça va être très frais. Mais peut être qu’ils vont nous mettre une tarte !

« C’est le même groupe, mais avec vingt ans de plus. Franchement, on joue mieux aujourd’hui. »

Vous avez quelques morceaux en français. De quoi parlent les autres morceaux ? Qui écrit les textes ?
Au début, j’écrivais les textes seul. Et puis il y avait un de nos proches, qui s’appelait Yann et qui est malheureusement décédé aujourd’hui, qui a écrit pas mal de textes. Il a fait un Erasmus en Irlande donc il maîtrisait mieux l’anglais que moi à l’époque. Il s’est proposé et a écrit une bonne moitié des textes. Le contenu, quand ça venait de moi, c’était un peu révolutionnaire, c’était refaire le monde, on n’est pas content avec les lois, ce genre de truc. Et quelques trucs un peu délirants, un peu LSD, un peu « personne ne comprend », un peu comme Cure. Quand c’était Yann, c’était beaucoup de choses de la vie, plus pointu, plus personnel, plus poussé voire profond. Il était dans son truc aussi.

Côté musique, quelle est ta définition de votre style de musique ?
Winch Electric Pop ! Winch, c’est un treuil en navigation. Le treuil te permet d’élever les voiles. Et donc pour nous, winch, c’est le truc qui aurait pu nous élever en haut de l’affiche. Electric parce que c’était électrique, même si c’est très calme, ça explose dans tous les sens. Pop parce qu’il y a des mélodies, on kiffe les Beatles. C’était naturel par rapport à ce qu’on écoutait à l’époque. On kiffe souvent une scène, mais on n’a jamais ressemblé à ces groupes là. On est à des kilomètres de ces groupes.

Avez-vous une formation musicale ?
Hervé n’a jamais joué de musique étant gamin, Fred non plus. Ils sont arrivés sur le tard. David (batteur), Nico et moi avons fait des écoles de musique. J’ai joué en Orchestre. J’ai joué Le Boléro de Ravel. J’en suis fier, mais avec un tout autre instrument. Je me demande si je ne lisais pas de la musique avant de « lire ». Un vieux caprice de ma grand-mère qui voulait que je fasse de la musique comme mon grand-père. On a donc fait un peu de musique, c’est très différent de ce qu’on a fait en groupe, mais ça nous a certainement aidés. C’est des bases.

Ce prochain concert sera-t-il différent de ce que vous avez fait en studio ou en live auparavant ? Y a-t-il de nouveaux arrangements, de nouveaux morceaux, des reprises ?
C’est loin d’être un copié/collé du dernier concert. Déjà, je ne sais plus ce qu’on a joué (NDLA : y a 20 ans, c’est permis). Y a pas de nouveaux morceaux, y a une reprise, c’est une surprise (NDLA : l’artiste est cité dans cet article), les connaisseurs ne seront pas surpris. C’est le même groupe, mais avec vingt ans de plus. Franchement, on joue mieux aujourd’hui.

A propos des répétitions ?
C’est revenu vite. C’est un peu comme le vélo. Peut-être moins pour la voix. C’est un organe physique. On répète à la Baraque à Sons, à Arras, des locaux de répétition derrière le Pharaos. La BAS qui a été créée par Damien Blin, qui est aussi assistant manager pour Baasta !

Ravis de retrouver le public ?
On a fait un groupe facebook : bly le péno et les autres aussi. Un groupe où les gens peuvent venir d’eux-mêmes (où les gens se regroupent pour parler de BLY, du futur concert…). On a lancé une perche. Le Péno, c’était notre QG, notre endroit. Quand j’ai cherché un nom pour ce groupe, je me suis dit que même si BLY avait du talent, il n’a aucune existence sans les autres. J’aurais pu mettre bly le péno Iradélice Kagemusha DesireforU2 … mais ça aurait fait un nom à rallonge, donc j’ai mis les plus « importants ». Il y a 250 personnes au taquet sur le groupe.

Pourquoi ça a marché pour BLY, et pas pour d’autres groupes que tu as formés ou fréquentés ?
Parce que BLY, y avait une espèce d’alchimie qui se faisait entre nous quatre, puis cinq avec Fred, qu’on n’a jamais retrouvée ailleurs. On ne se compare pas aux Beatles, mais si t’en enlèves un, y a plus de Beatles. Même s’ils sont méga talentueux, bien au-delà de nous !

La question que tu te serais posée ?
Qu’est-ce qui nous maintient en vie aujourd’hui ?

La réponse ?
La passion et les racines. Je viens de vivre une bonne vingtaine d’années en dehors de la France. Quand je prends le train pour aller à Arras voir mes amis Baasta! Je vois les terrils, j’ai des frissons, les poils qui se dressent. Les racines c’est en toi ! (NDLA : la suite est tortueuse. Mike et moi avons un goût prononcé pour la musique et le foot. Il faudrait un long moment pour retranscrire le sujet).