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NISKA

Par Scolti

L’attachée de presse me met en attente. Autour de moi, les enfants attendent en trépignant que la voix de NISKA surgisse du haut-parleur de mon téléphone. Le bip répétitif semble interminable… «Allô ? Allô ? J’entends pas bien…» «Ouais NISKA, Scolti, pour ILLICO!, on y va ?». Dix minutes top chrono.

Pour ceux qui ne te connaîtraient pas, NISKA c’est qui, c’est quoi ?
Franchement, je pense pas que c’est à moi de me définir, et je serai incapable de le faire. Les autres s’en chargeront.

Ce qu’on sait de toi en tout cas, c’est que t’es un gros vendeur de disques et que tu cumules les millions de vues. Est-ce que tu penses que ton succès réclame de la responsabilité vis à vis de la jeunesse, concernant les propos ou les images véhiculées ?
C’est sûr qu’on a une responsabilité, parce qu’on a des gens qui nous suivent et qui nous prennent pour exemple, mais après faut pas oublier que dans le rap y a beaucoup d’acting et y a beaucoup de second degré, tu vois ? Donc, oui on est responsable, mais plutôt concernant la réussite, le travail, la tolérance, plutôt que de suivre à la lettre ce qu’il y a dans les clips ou ce qu’il y a dans les paroles, et je me répète : y a beaucoup d’acting, j’assume.

Ton image naît entre autres de tes clips. Quelle est ton implication dans leur conception ?
Je propose des idées, je propose ma vision. T’as toujours une vision autour des morceaux quand tu les as finis, t’arrives à imaginer comment tu le verrais en images, donc je propose mes idées, et après je reçois plusieurs scenarii, et je prends celui qui se rapproche le plus de comment je le voyais dans mon esprit.

Qu’est-ce que tu répondrais à tes détracteurs qui disent qu’il est parfois difficile de comprendre le message global, comme par exemple dans «Siliconé» ?
Des fois y a pas de message, tu sais. T’as juste à écouter le morceau et t’enjailler, y a pas spécialement de message dans tous les morceaux. Seuls certains morceaux ont des messages, et après c’est normal que certains ne comprennent pas le message quand y en a pas. (il se marre)

Dans «Siliconé», y a ce combat entre les deux femmes, dont l’une est une flic. Est-ce que tu pourrais me dire comment tu perçois la police ?
C’est simple, dans la police y a des bons, et des cons. Après, de par là d’où je viens, je m’entends pas super bien avec la police à la base. Mais avec la musique, le succès, j’ai légèrement revu mon jugement anti-police, avant j’étais grave bloqué. Le fait de voyager, de voir différentes polices dans le monde, ça permet de comprendre autre chose, comme : à quoi peut servir la police. Tu peux croire, en restant ici, que la police sert qu’à tabasser, à insulter, et rabaisser, alors qu’on s’aperçoit que c’est pas spécialement vrai. Quand tu voyages, et que tu prends un peu de notoriété aussi, tu t’aperçois que certains keufs, à l’étranger ou en France, viennent te demander une photo pour leur enfant, et tu te rends compte que le mec n’est pas spécialement con.

Quelles sont les références qui t’ont amenées à proposer cet univers, toi qui parlais d’acting ?
C’est avant tout ma vie, mais ça vient aussi des films et des clips que je regarde, américains ou africains, c’est un mélange de tout ça. Je puise dans tout ce qui me ressemble et me parle.

Le rap français a subi une révolution avec la nouvelle génération dont tu fais partie, et avec l’arrivée de la trap. Selon toi, qui sont les meneurs de cette révolution, les grands noms ?
Tous ceux qui permettent à cette musique d’exister, qui arrivent au top chaque année ou qui proposent des nouvelles choses. Donc des noms y en a pas vraiment, ça peut être n’importe quel petit nouveau qui va débarquer avec un hit, tout comme un ancien. On est tous meneurs à notre niveau, on apporte tous notre pierre à l’édifice.

Comment t’as commencé le rap ? Comment ça t’es venu ?
J’avais 13-14 ans, on rappait dehors, ou dans les kermesses, avec les amis, on faisait des plateaux pour chanter. Après j’ai kiffé, mais au début c’était juste un loisir. Puis à 15-16 ans je me suis retrouvé en studio, deux ans après les premières maisons de quartier.

Il t’arrive de composer ?
Nan, je sais pas encore faire ça.

Est-ce que t’es là pendant l’élaboration des instrus ?
Ouais, ça ouais, pas pour tous les morceaux mais pour certains ouais, et quand je suis là j’apporte ma touche sur la conception.

Les deux voix que tu utilises, ça relève de la schizophrénie ou c’est juste pour le style ?
C’est juste mes voix, je suis comme ça, j’ai la chance de pouvoir jouer avec ces deux voix donc je me prive pas

Mais t’es le seul à le faire…
Pour l’instant. Y en a peut-être qui vont débarquer avec 5 voix ou 6 voix.

Et donc y a pas cette idée de deux personnages différents…
Au début je le faisais comme ça, la voix grave c’était oim, et la plus aiguë un autre personnage, mais c’est vite passé. Ma voix c’est mon instrument, et je l’utilise comme ça

Qui a été ta meilleure collaboration ?
Franchement j’en ai fait trop, et j’ai chaque fois kiffé différemment. Donc une meilleure parmi tant d’autres ? Nan. Y en a pas une qui sort du lot.

Y a peut-être un ou plusieurs artistes US avec qui t’aimerais travailler ?
US ? Y en a que j’aime bien mais je vais pas spécialement dire qu’il y en a un avec qui je voudrais bosser, c’est pas un objectif en soi. Ça peut être un kif, mais c’est vraiment pas un but à atteindre.

Quel est le son de ton album que t’as pris le plus de plaisir à faire ?
«Vrai», ou «Bâtiment»

Et celui qui te représente le plus ? Celui dont tu peux dire : si tu connais pas Niska, écoute CE son.
«Du Lundi Au Lundi»… même si c’est compliqué de se résumer à un seul son…

T’as un souvenir de concert que tu pourrais évoquer ?
Franchement ? Y a eu plein de bons moments, mais je dirais Le Zénith de Paris, parce que ça représente un rêve, c’est là où sont passés les plus grands qu’on écoutait à l’époque, et puis quand t’y es, tu te dis : j’y suis arrivé. Y a une forme d’accomplissement à se retrouver sur cette scène.

Ok. Des projets en cours ?
Là, je suis concentré sur la tournée, après on verra, en fonction des enregistrements, y a pas de calendrier pour le moment.

Pas de projets dans le cinéma ?
Nan, c’est pas un truc que j’attends. Pas mon truc.

Un jeune m’a dit de te demander d’où venait ton inspi. Tu m’as un peu répondu tout à l’heure, en disant que ça venait de ton vécu et de la vie de quartier.
Pas spécialement justement. Aujourd’hui mon vécu c’est pas que la vie de quartier

Tu vas donc puiser aussi dans ce qui t’arrive en ce moment en fait…
Évidemment. L’objectif c’est d’être raccord avec ce qu’on vit. Et mon quotidien, aujourd’hui, c’est pas que le quartier, même si c’est une partie de mon histoire.

Le quartier, on cherche à le célébrer, ou on cherche à le quitter ?
Qu’est-ce que t’appelles « célébrer » ?

Tirer une fierté de là d’où l’on vient, sans sous-entendus. Juste connaître ses racines.
C’est pas l’un, ou l’autre. L’objectif, c’est de le quitter tout en le célébrant.