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SUZANE

Par NadiaKoulla

Venez danser le 7 décembre à l’Aéronef avec la talentueuse performeuse SUZANE. Portée par une « volonté de vouloir » chevillée au corps, SUZANE, ex-serveuse ni automate ni écarlate, a fait le pont entre sa ville natale, Avignon et Paris pour réaliser ses rêves de scène. Pari gagné le 22 septembre dernier à l’Olympia où son nom brillait enfin de rouges lettres capitales… CLAP CLAP CLAP !

Quelques jours avant ce grand moment, à Lille le 14 septembre, SUZANE rencontre ILLICO! dans un mythique resto de quartier. Sur teinte d’humilité et de spontanéité, elle nous présente son nouvel album Cameo, plus personnel, sa façon de créer, ses engagements, son rapport au show et au public, bref un avant goût de ce qui nous attend le 7 décembre à l’Aéronef. D’ici là un conseil parce que ça va être la folie : échauffez vous un peu tous les jours en écoutant beaucoup son premier album Toï Toï ou passionnément le nouveau Cameo aux chansons urbaines et rythmes électro latino.

Ainsi SUZANE raconte son nouvel album…
« Il parle de la vie d’une jeune femme de 30 ans qui essaye de trouver sa place dans ce monde qui peut être parfois beau mais aussi hostile, j’y parle des conditions de la femme puisque j’en suis une. J’aborde le plaisir féminin comme dans la chanson «Clit Is Good» ; mais aussi de la violence faite aux femmes ; quand j’entends que des femmes meurent tous les jours sous les coups de leur mari ou autres, j’ai un peu peur de vivre dans ce monde. Je sais pas si je suis militante ou porte parole mais en tous cas je fais partie des femmes qui ne se sentent pas très à l’aise dans ce monde là et qui prennent la parole pour le dire. J’ai la chance d’être écoutée un petit peu et je continuerai tant que je ressentirai qu’il y a encore des combats à mener pour avoir des vies plus libres. »

Comme un écrit surgi du profond de la nuit…
« Quand je commence à avoir les premiers mots, je me mets debout et je les raconte à quelqu’un ou à mon miroir. Je laisse venir les phrases, ça arrive bizarrement très souvent la nuit en demi sommeil, moment de lâcher prise, les phrases sont toutes faites, je cherche mon téléphone pour les noter. Parfois elles me reviennent trois jours après, l’inspiration est là à tout moment, très souvent dans des moments de solitude. J’ai besoin d’être chez moi au calme pour me recentrer dans ma tour de contrôle qui est mon appart avec mon chat et mes deux chiens. C’est souvent à la fin de l’album où je me dis, tiens c’est rigolo, t’as écrit cette chanson à cette période et c’était une période forte émotionnellement. Je me rends compte aussi que chaque chanson m’accompagne psychologiquement, elles arrivent jamais de nulle part, elles arrivent de ma grotte intérieure pour aller chercher autre chose que du superficiel. »

SUZANE dévoile le mauvais, la brute et le fort bon…
« Dans la chanson «Belladonna», j’avais envie de parler de toxicité, d’emprise. Je crois qu’on le vit tous d’une manière ou d’une autre, amicale ou amoureuse. Je dis souvent que j’écris des chansons où il y a une quête de liberté et là, encore une fois, il y a une quête de liberté de vouloir sortir d’une relation nocive. J’ai fait l’assimilation avec la plante Belladonne car, à son contact, on peut mourir comme on peut sortir détruit d’une relation avec un pervers narcissique. Quand on ne se sent pas à l’aise avec quelqu’un, il faut sortir de là. La chanson «Clit Is Good» c’est la liberté de disposer de son corps. Clint Eastwood a sorti «Cry Macho» au moment où j’écrivais «Clit Is Good», c’est un titre clin d’œil au patriarcat. Je me revois faire cette couv’ du Nouvel Obs’ avec Françoise Fabian et Leïla Slimani pour fêter les 50 ans de la pétition des 343 salopes et, quand je vois que «Clit Is Good» sort quelques années après et que le clip est censuré alors que cette chanson parle de liberté de disposer de notre corps, de notre plaisir… je me dis qu’il y a encore du travail… Le corps de la femme, on le voit nu pour vendre des pots de yaourt et quand je montre des corps qui ne sont pas forcément nus, en quatre jours, c’est censuré, complètement incohérent. En tous cas, je suis très fière d’avoir mis des images et de l’avoir fait avec Charlotte Abramow qui est une super réalisatrice avec de l’engagement dans son art. »

«  Moi en tous cas je me sens moins seule et j’écoute de la musique pour ça… »

Dans une nouvelle tournée spectaculaire colorée de complicité…
« Je travaille chaque jour avec des talents, on ne peut pas être seule dans ce métier, il y a plein de gens : régisseurs, régie plateau… en fait, quand je dis que je suis seule sur scène, pas vraiment… le mec qui est en face à la lumière, il danse avec moi. Ce show est vivant mais c’est carré. Sur cette nouvelle tournée, je joue beaucoup entre le visuel, la lumière, les chorégraphies. Je veux vraiment que le spectateur se dise « Wahou, j’en ai pris plein la vue », lui faire vivre un vrai voyage avec de l’expression corporelle, de la couleur car c’est ça aussi la musique. Et aussi, qu’il y ait ce truc un peu « show à l’américaine », je suis très inspirée par des chanteuses comme Mylène Farmer qui, pour moi, est l’une des seule à envoyer sans laisser de place au doute, avec un côté show girl qui ne rigole pas avec les détails. On fait des spectacles, si c’est pas spectaculaire, qu’est-ce qu’on vient voir ? »

Énergique plongée d’accords, si bien en corps et plus encore…
« Ce que j’aime, c’est cette rencontre avec les gens, c’est cette folie, se retrouver là, d’un coup, en concert, sur des gens en train de gambader, c’est extraordinaire cette communion; parce que souvent dans la rue on ne se regarde pas, mais dans les concerts oui, et moi je suis toujours émue de voir que les gens sont réunis sur des mêmes paroles et chansons alors qu’ils sont complètement différents dans la vie et peut être pas d’accord, mais là il y a une osmose, et quand je vois une salle remplie d’amour ça fait du bien, ça donne un peu d’espoir je trouve de voir que les humains savent se réunir; et si ma musique peut aider à rassembler ; on prend conscience ensemble, on s’émeut ensemble, on se met en colère ensemble, on se sent moins seul. »

SUZANE s’échappe du réel et prolonge ainsi le rêve…
« Moi en tous cas je me sens moins seule et j’écoute de la musique pour ça ; parfois c’est un peu déroutant de se retrouver d’une salle, où il y a énormément de bruit, à une chambre où il n’y a pas une mouche qui vole, loin de ma famille… là tu te rappelles que tu fais ça parce que t’en as besoin aussi. Il n’y a pas que des moments extraordinaires, il y a aussi des moments de doute, d’angoisse, on sait pas si ça va durer, si on va pouvoir continuer à s’exprimer, c’est un métier qui est difficile. Moi qui ai toujours parler de rêve, vivre mon rêve, je peux le dire aujourd’hui c’est mon rêve et c’est mon métier aussi et comme dans tous les rêves, la réalité est importante aussi, on ne peut pas vivre des rêves sans réalité. La question maintenant c’est est-ce qu’il y a des rêves après les rêves ? Moi qui suis en train de le vivre pleinement, je crois que oui et à tout âge ! »

Bientôt plein feux sous les projecteurs lillois…
« J’attends avec impatience le 7 décembre. Franchement Lille je commence à bien connaître avec mon manager qui est lillois ; la ville est très belle, l’accueil très généreux. Attention, faut arriver en forme, pas en demi teinte. En terme d’énergie le public lillois en donne beaucoup et il faut avoir la réponse qui va avec ! Quand je sais que je joue à Lille, bon j’ai toujours le trac mais je sais que le public est là et ça, j’apprécie vraiment beaucoup. Je compte sur les Lillois pour venir très échauffés parce qu’on va danser ! »

Prêt·es à DANSER un peu, beaucoup, à la folie, passionnément ? Alors rendez-vous à l’Aéronef de Lille ou, au Palais du Littoral à Grande Synthe voire à l’Ancienne Belgique à Bruxelles. Chaussez, mettez vos baskets, et surtout n’oubliez pas de vous échauffer avant sur les sons de SUZANE ou Rosalia, son coup de cœur du moment.