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© Yann Orhan

OETE

Par NadiaKoulla

Quand OETE ôte une lettre à poète il se crée une autre peau d’être toute armée de paillettes. Ainsi paré de lumière, OETE fait danser la scène et tout entier s’y déchaîne. Tel sera le cas lors de son concert à Roubaix le 8 novembre prochain à la Condition Publique dans le cadre du Crossroad Festival qui promeut les nouveaux talents des Hauts-de-France.

Place du théâtre à Lille, en terrasse d’un bistrot, mardi 18 octobre, trois jours avant la sortie de son premier album Armes Et Paillettes, Thibaut, enfant de Picardie vivant à Paris rencontre ILLICO! Il est accompagné par Jérôme de son label Roy Music qui rapidement s’éclipse laissant place à l’alter ego de Thibaut, OETE, dont le flow des mots s’enchaîne… et que nous vous livrons à flot comme il écrit ses chansons. Bah oui, pourquoi pas ?

Allez, ouvrons nos volets et nous verrons bien après…

« Je crée lors de moments de frustration, par exemple dans le métro, trois mots me viennent, je les enregistre avec la mélodie en tête et quand je rentre chez moi, si la mélodie est intéressante, en quinze minutes je fais le couplet refrain et en trente minutes la chanson. Toujours à l’instinct. Pour moi si on vient penser l’émotion, on la biaise. Quand je sens trop le sujet premier d’un texte ça m’emmerde, je ne vais pas pouvoir plonger dedans. »

« C’est ce que j’adore dans les chansons, les assemblages de mots qui vont te créer des images, te travailler et du coup te trouver. Mes chansons je les comprends après coups et à chaque fois différemment. Elles sont très mélancoliques. Je les compose avec Grégoire, rencontré par hasard pour mon premier morceau. La mélodie et les arrangements les rendent dansant. »

« La direction artistique, la scénographie, le stylisme, l’attitude de OETE est un rappel au thème de l’album Armes Et Paillettes (sorti le 21 octobre) et vient habiller mon alter ego. Masqué, maquillé, j’ai mille fois plus confiance en moi, je peux dire toute ma vérité, c’est plus facile qu’en tant que Thibaut. Je me sens plus armé. Ça me permet aussi de dépasser mes limites, je deviens un peu plus fort à chaque fois, je m’accepte davantage; c’est une forme d’épanouissement. »

« Plus jeune c’est le regard des autres qui était difficile, j’avais une souffrance physique assez forte. Le théâtre, la danse contemporaine puis le cirque, avec la pratique du tissu aérien, m’ont permis d’investir la question du corps, d’assumer son enveloppe; et cette chanson corps et ego c’est pour dire que c’est ok maintenant. Je viens un peu me soulager dans mes chansons et permettre aux gens aussi de se soulager comme pour exorciser, en dansant sur nos carences et tout ce qui nous fait du mal. Ça devrait nous foutre à terre et, pourtant, on danse avec une très très forte énergie, c’est une victoire. »

«  Merci à ces gens dont on sent qu’ils ont trimé et que leur âme a pris cher. Merci juste d’avoir déposé cet héritage. »

« A l’approche de la sortie de l’album ça me fait peur car c’est la fin de quelque chose, j’essaye de ne pas y penser mais… Qui va l’écouter ? Dans le fin fond de moi-même, je rêverai que ça cartonne mais les gens ne sont peut-être pas encore prêts. On me pose encore beaucoup de questions sur mon genre, ma sexualité… pour moi c’est important de banaliser ça. Je me dis que ma route sera une route un peu longue qui va s’inscrire dans une carrière un peu plus longue et c’est très bien comme ça. C’est toujours plein d’incertitudes.»

« Je dis merci d’avoir vécu à celles et ceux qui m’ont permis de grandir à travers leur musique et m’ont tellement inspiré : Daniel Darc, Christophe, Alain Bashung, j’ai l’impression de les avoir connus. Merci à ces gens dont on sent qu’ils ont trimé et que leur âme a pris cher. Merci juste d’avoir déposé cet héritage. Des femmes me touchent aussi, comme Françoise Hardy, Fanny Ardant, Fishbach. On a besoin de ces gens là. »

« Il y a un côté pop, populaire dans ma musique, c’est ce que je recherche. Je chante pour des gens de tous les âges et j’ai la chance d’être assez pluriel. Le 8 novembre à La Condition Publique on sera trois sur scène avec claviériste, guitariste et moi au chant. Je ne veux plus m’enfermer, ni même derrière un clavier. Le Crossroad à Roubaix ça va être très cool, j’ai hâte. Je vais retrouver des ami.es aussi comme Lotti par exemple. Ça va être une sacrée semaine car les 10 et 11 novembre, je serai en première partie de Juliette Armanet à Saint-Lô et Lanester, c’est déjà complet.»

« Pour la suite, une réédition de l’album Armes Et Paillettes est prévue début 2023 avec nouveau titre et sortie vinyl ! »

D’ici là pour écouter OETE le meilleur endroit c’est en live bien évidemment.

Et comme OETE nous dit « il faut toujours suivre la lumière, il y a toujours des surprises dans l’univers », à cela j’ajoute, tout comme en concert.

D’ailleurs le 8 novembre à La Condition Publique une surprenante reprise du titre «Les Idées Noires» de Bernard Lavilliers va sans doute bien nous bousculer… Chuuuut ! c’est un secret.